05 Oct Agathe MASSON, Ostréicultrice

Agathe, vous êtes ostréicultrice sur le bassin de Thau. Ce sont vos parents, Jean-Louis et Marie-José, en 1978 qui ont lancé l’entreprise. Racontez-nous votre parcours… Était-ce une évidence pour vous de rejoindre l’entreprise familiale ?

Lorsque mes parents ont créé l’entreprise, ils se sont très vite pris de passion pour ce métier.

Avec ma sœur, en tant que filles d’ostréiculteurs, nous avons grandi au mas dans un environnement privilégié au bord du Bassin de Thau, mais aussi au sein d’une grande entreprise avec tous les soucis que cela entraîne. Avant de reprendre l’entreprise, j’ai connu une longue phase de rejet avec l’envie de découvrir de nouveaux horizons. Après des études de commerce international et quelques années passées à l’étranger, je suis rentrée sur Montpellier. Mes parents s’approchant de la retraite, ma sœur partie sur une autre voie, le fait que l’aventure s’arrête était impensable. Avec la naissance de mon fils en 2012 et mes souvenirs d’enfance autour du bassin, c’est devenu une évidence ! Il m’a donc fallu quelques années pour réaliser la chance que nous avions de vivre dans cette région, de cultiver ce produit de qualité dans cet environnement exceptionnel. Je me devais de reprendre l’entreprise toujours soutenue par ma famille, et au fil du temps, de la façonner à mon image.

Parlez-nous de votre métier…

Le métier d’ostréiculteur est réellement passionnant. Peut-être aussi parce qu’aucune journée, aucune saison ne ressemble à l’autre. Nous évoluons dans un environnement naturel et protégé qu’est la Lagune de Thau. C’est un métier qui est parfois ingrat car tout ne dépend pas seulement de la quantité ou de la qualité de notre travail, mais aussi des éléments extérieurs qui peuvent tout faire basculer… Il faut conserver une vision sur le long terme, garder le cap, et ne pas se décourager.

Côté production, quelle est votre vision, votre philosophie de travail ?

Au sein de notre entreprise, nous avons deux volets : la partie « production » qui consiste à cultiver nos huîtres et à les commercialiser. La partie « dégustation » de nos produits sur place, au petit mas. Concernant la production, nous souhaitons augmenter le volume de production d’huîtres spéciales exondées afin que plus d’huîtres « Agathe » se retrouvent sur vos tables. Pour le petit mas qui reste une activité annexe, l’objectif est de maintenir la qualité et la satisfaction de nos clients. Nous souhaitons vraiment conserver le côté familial de ce lieu magique. La reprise des Établissement Masson Filles est un réel projet de vie dans lequel j’ai embarqué toute ma famille. Ma philosophie du travail est d’œuvrer avec enthousiasme et de ne surtout jamais perdre ma passion. Il est important d’être entouré de collaborateurs partageant les mêmes valeurs et le même goût pour ce métier.

Parlez-nous de votre gamme de produits. Si l’on veut les goûter, où les trouve-t-on ?

Nous commercialisons nos huîtres sous deux marques : les huîtres fines du petit mas «  Réserve Masson » que nous exondons en fin de cycle de production, et nos huîtres signature spéciales « Agathe » exondées tout au long du cycle de production. Vous retrouverez nos huîtres sur de belles tables montpelliéraines au Panka, à la Maison de la Lozère, au café Pitot, à La Perle Food Truck, chez Toto, au Domaine de Verchant, à la table Les Gourmands, chez Leclere, à la Maison Bacchus… Nous avons aussi un site de vente en ligne pour ceux qui souhaitent recevoir nos bourriches directement chez eux.

C’est un univers assez masculin… Avez-vous rencontré des difficultés à cause de cela ?

Le fait d’être une femme dans cette profession ne constitue en aucun cas un frein. Nous sommes toujours en effet une minorité de femmes à reprendre les exploitations conchylicoles, mais beaucoup de femmes d’ostréiculteurs jouent un rôle très important et évoluent dans l’ombre de leur mari. Une certaine solidarité est née entre nous. Pour moi, il est important que Masson Filles ait cette identité féminine, elle tranche avec ces idées reçues. Au sein de notre entreprise, nous travaillons en équipe et chacun a son propre rôle. Bien sûr, il y a toujours des tâches trop physiques pour mon gabarit, mais nos équipements sont adaptés pour réduire la pénibilité en général. De ce fait, l’ensemble de l’équipe travaille dans de bonnes conditions.

Quels sont vos projets ?

Beaucoup d’opportunités se présentent à moi. Nos activités actuelles demandent déjà beaucoup de temps et d’énergie. Je veille à garder le cap et à pérenniser ce que nous avons construit jusqu’ici. Nous allons tout mettre en œuvre pour répondre au mieux à la forte demande sur nos huîtres exondées. Et cette saison s’annonce prometteuse.

www.massonfilles.com

Établissement MASSON et filles – Le Petit Mas

Lieu-dit la Croix Neuve – Zone Conchylicole de Loupian