20 Déc Amandine BERTHEZENE, COEO DESIGN et convivialité au cœur de nos extérieurs
Toute jeune marque de design extérieur, Coeo défend un certain art de vivre à la française, celui du Sud, à travers les objets de convivialité qu’elle imagine. Nous avons rencontré Amandine, l’une des associés fondateurs. Elle nous raconte leur histoire.
Amandine, vous venez de lancer votre marque Coeo, avec Yannick votre compagnon et Jean-Rémi, un ami d’enfance menuisier. Je crois pourtant savoir qu’au départ vous ne vous destiniez pas à une carrière d’entrepreneure…
Non en effet, j’ai fait l’École des avocats. J’ai travaillé très tôt dans la petite entreprise de mon père, et j’ai vu à quel point les entrepreneurs pouvaient avoir certaines difficultés à gérer les questions juridiques, la création de leurs statuts ou des contrats. C’est pour cela que j’ai voulu m’orienter vers le conseil en entreprise.
Vous obtenez le concours de l’École d’avocats, mais finalement vous décidez de partir pour un tour du monde de plusieurs mois avec Yannick…
J’ai pris une année sabbatique pour voyager. Cela a été une révélation, pour la petite fille du Vigan qui n’était jamais partie… J’avais envie d’aborder ma carrière à l’international. Nous avons voyagé presque neuf mois et puis nous sommes rentrés.
À votre retour en France, vous reprenez les choses là où vous les aviez laissées…
J’ai commencé l’École des avocats en alternance dans un grand cabinet parisien. À l’obtention de mon master, j’avais eu le prix de « l’élève le plus méritant en droit des af-faires » qui me donnait accès à ce stage mais j’ai détesté. Je ne comprenais pas la hiérarchie, la structure, le fait de demander des rendez-vous pour parler à des personnes avec lesquelles j’étais censée travailler, collaborer. J’ai pu partir à New York, à Colombia University, je n’ai pas hésité. Puis j’ai eu la possibilité d’aller en Chine une quinzaine de jours. J’ai adoré. Je suis ren-trée en France, j’ai fini l’École des avocats puis en 2018, j’ai eu la chance d’obtenir un VIE (Vo-lontariat International en Entreprise) pour la Chine pour une entreprise française, La Cornue, qui fabrique des cuisines haut de gamme. Clairement, à part Kim Kardashian ou la reine d’Angleterre, personne ne peut se les offrir ! (Rires)
Incroyables, ces successions d’opportunités…
Oui et j’ai eu la chance de pourvoir les vivre avec Yannick qui y a trouvé un poste d’ingénieur. Là-bas nous avons rencontré des chefs français de renom, de Nicolas Le Bec à Paul Pairet. J’ai découvert Baccarat, Christofle, les cours d’étiquettes… en fait j’ai découvert l’art de vivre à la française en Chine (Rires). Nous étions partis pour y rester plusieurs années.
Et puis il y a eu la COVID-19…
Exactement. Le 24 janvier 2020, la Chine fermait ses frontières. Tout est devenu très compliqué. Il y avait des couvre-feux, des horaires pour aller acheter à manger… Le climat général était très anxiogène. On avait de plus en plus de mal à joindre les fonctionnaires français. J’ai commencé à avoir peur. Je suis rentrée en février. Yannick est resté pour finir son contrat. On ne pensait pas que cela durerait…
Est-ce à ce moment-là que naît l’idée de Coeo ?
Oui. Quand on est à l’étranger, il y a quelque chose que je ne m’explique pas mais qui nous pousse à devenir entrepreneurs. Et puis j’ai réalisé que j’étais bien ici et qu’il y avait énormément de choses à faire. Progressivement, l’idée s’est mise en place. Avec le confinement, on a eu envie de mettre en avant l’idée de rassemblement autour de moments conviviaux, cet art de vivre que l’on considère comme acquis. Surtout dans le sud de la France. Ici c’est normal, on s’appelle, on se fait un barbecue, le soir on reste dehors. Mais ce n’est pas partout ainsi. C’est cela que l’on a voulu valoriser. Cette façon de vivre, de se retrouver. Nous avons créé la société en avril 2020 mais nous avons vraiment pu nous lancer en janvier 2021.
Alors concrètement, quel type de produit proposez-vous ?
Pour l’instant, un brasero, Coeo Trio avec plusieurs hauteurs et des comptoirs. Nous nous sommes vraiment concentrés sur le design des produits et sur les matériaux. Nous voulions quelque chose de beau, de durable, de pratique et de convivial. C’est pour cela que nous avons fait le choix de l’acier Corten et du bois. L’idée c’est d’avoir un objet qui dure dans le temps, qui évolue, se patine.
Comment la distribution se passe-t-elle ? Avez-vous des revendeurs ?
Alors nous avons eu la chance d’avoir un lancement e-commerce qui nous a pas mal aidés. Ensuite nous sommes partis un peu à l’aventure, à essayer de trouver des revendeurs, avec notre petit camion et notre produit. Là encore la chance nous a souri. Nous avions rendez-vous dans un magasin de bricolage à Narbonne sauf que nous sommes arrivés en retard. Ils n’ont pas voulu nous laisser entrer à cause du couvre-feu. Mais ils sont venus sur le parking. Heureux hasard, ils étaient en tournage avec des équipes de M6, « 66 minutes : Grand format ». Ils ont adoré ! On a tourné trois jours avec eux. L’émission a été diffusée le 10 avril 2021, à la suite de quoi nous avons vendu toute notre production ! Depuis nous avons bien étoffé notre réseau de revendeurs ! Et nous nous exportons même en Corse mais aussi à l’Île Maurice et en Guyane.
Justement, comment la production s’organise-t-elle ?
Yannick est ingénieur, donc c’est lui qui travaille sur le cahier des charges, qui imagine le design. Moi je m’occupe du développement. La menuiserie est fabriquée par Jean-Rémi, notre associé et ami d’enfance. L’acier, lui, est produit en Europe de l’est. Nous avons essayé de le faire en France, mais cela a été un échec.
Vous êtes une toute jeune marque, quels sont vos projets ?
Nous allons avoir un atelier à Castries. Et l’objectif serait d’avoir un show-room expérience. Nous aimerions pouvoir y proposer des cours, des démonstrations avec des chefs. Nous avons également des projets de nouveaux produits. Nous sommes une jeune entreprise, nous avons de nombreux projets !
www.coeo-design.com
Propos recueillis par Marie Gineste /Photos @ Charlène Pelut