19 Juil Arzu Kara, Conseillère en image

Emma : Racontez-nous votre histoire…

Je suis née à la frontière turco-syrienne. Je suis arrivée en France à l’âge de huit ans.

J’ai vécu au Havre jusqu’à mes quinze ans. Quand j’étais petite, j’étais triste et frustrée de quitter mon pays natal, mais je savais que c’était pour un monde meilleur. Mais cela a été un déracinement qui a été difficile à vivre et qui a laissé des traces en moi.

Emma : Quel a été votre parcours ?

Après le Bac, j’ai obtenu un BTS Action commerciale. J’ai commencé ma carrière dans la banque mais le secteur ne me plaisait pas du tout. Je me suis tournée vers le prêt-à-porter, avant de partir vivre à Genève et de travailler pour des marques de luxe. À l’âge de vingt-sept ans, j’ai ressenti l’envie de vivre autre chose. J’ai quitté mon poste en Suisse et j’ai déménagé sur Montpellier, j’ai suivi une formation d’animation radio et télé, et puis je suis tombée amoureuse de la ville et d’un homme, donc je suis finalement restée sur Montpellier. J’ai travaillé dans l’audio-visuel mais cela ne me correspondait pas non plus. Je suis donc revenue à mes premières amours : la mode. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de devenir conseillère en image.

Emma : Quelles ont été les grandes étapes de ce nouveau changement de vie ?

Au début, cela a été compliqué. Nous vivons dans une ville où il y a un très gros intérêt pour la culture du corps, moins pour le style vestimentaire. Mais je suis passionnée par ce que je fais donc j’ai persévéré. C’est l’expérience sur le terrain qui m’a aidée.

Emma : Justement, comment accompagnez-vous vos clients ?

Tout d’abord, j’ai un premier contact avec la personne pour apprendre à la connaître. Cela me permet d’écouter ses demandes, de comprendre ses besoins. La veille du jour du shopping, je vais faire un repérage dans les magasins pour effectuer une pré-sélection. Le jour J, la cliente ou le client me retrouve le matin, on débriefe et la journée de shopping commence. Je les guide, les conseille tout en restant dans quelque chose de positif.

Emma : Vous adaptez-vous à tous les clients ? En termes de budget, par exemple ?

Oui. Mes clients sont tous différents et ont tous des attentes différentes. Je peux m’occuper d’un jeune qui quitte l’école et qui intègre le monde actif, comme de personnes plus âgées qui ressentent un réel besoin de changement. Ou encore de personne qui ont perdu du poids et qui veulent réapprendre à s’habiller avec leur nouvelle silhouette. C’est vraiment varié. Au niveau du budget, je m’adapte. L’avantage que j’ai en allant souvent dans les boutiques, c’est que j’arrive à dénicher les bons plans ! J’en fais toujours bénéficier mes clients.

Emma : Proposez-vous différentes formules ?

Tout à fait. Il y a la virée shopping qui dure toute une journée. Mais je peux aussi réaliser pour quelqu’un un shopping personnalisé. Je vais faire les magasins pour la personne en fonction de ses besoins ou envies. Je lui livre les achats. Le client essaie et je retourne dans les boutiques respectives les articles qui ne conviennent pas. J’ai une troisième offre : « Mon nouveau dressing ». Là je vais chez la personne pour réaliser un tri dans la garde-robe existante afin d’optimiser celle-ci en proposant de nouvelles associations et à la suite de cela souvent nous décidons de procéder à un relooking avec coiffure, esthétique, maquillage.

Emma : Il faut réussir à cerner la personne pour la relooker, est-ce un exercice difficile ?

Il est vrai qu’il y a un aspect psychologique très important à prendre en compte, parce que souvent les vêtements que porte une personne racontent une histoire, cachent des complexes. Mais c’est quelque chose qui me fascine, donc je ne considère pas cela comme une difficulté.

Emma : Quelles sont les qualités nécessaires pour ce travail ?

Être à l’écoute, suivre les tendances, s’inspirer de la mode sans être trop influencé, pour pouvoir proposer des modèles intemporels. Il faut aimer les vêtements, les êtres et aimer faire plaisir.

Emma : Une anecdote à nous faire partager ?

Un jour j’ai eu un client qui est venu me voir complètement désemparé car sa femme l’avait quitté pour le voisin. Nous avons passé deux jours ensemble. Nous avons travaillé son style intégralement, des vêtements aux cheveux. Peut-être un an après, je l’ai rencontré dans un bar. Il était entouré de très belles femmes et semblait très épanoui. Il est venu me remercier, me disant que j’avais changé sa vie. J’étais très fière de le voir si heureux et d’avoir, à ma manière, contribué à cette métamorphose.

Emma : Comment les personnes extérieures perçoivent-elles votre métier ?

C’est un nouveau métier qui suscite toujours beaucoup de curiosité, même si grâce à Cristina Cordula il s’est quand même beaucoup démocratisé. Mais quand je dis que je suis personal shopper, les gens me demandent souvent « et alors comment me trouves-tu aujourd’hui, suis-je bien habillé(e) ? ». C’est immédiat ! Cela déclenche toujours une envie de conseils !

Emma : Tout à l’heure vous nous disiez que la mode faisait partie de vos influences mais que cela ne faisait pas tout, qu’est-ce qui vous inspire ?

La vie, les personnes, les couleurs, les tissus, tout m’interpelle. Le travail de Karl Lagerfeld est une très grande source d’inspiration. C’est un peu mon icône. J’aime beaucoup Inès de la Fressange, que je trouve toujours très chic. Et Audrey Hepburn.

Emma : Comment envisagez-vous l’avenir ?

J’aimerais travailler à New York, c’est un rêve que j’ai depuis toute petite, je me sens liée à cette ville ! J’aimerais avoir une carrière internationale, et continuer de m’épanouir !

Emma : Un conseil que l’on pourrait tous et toutes appliquer ?

Choisissez un vêtement tel qu’il est et personnalisez-le à votre guise, en apportant peut-être un petit accessoire, je pars du principe que c’est nous qui portons le vêtement et pas le vêtement qui nous porte. Il faut être à l’aise dans sa tenue vestimentaire.

@arzukara_personalshopper
www.arzukara.fr