Charlotte Consorti, une des stars du kitesurf

Elle est l’une des stars du kitesurf, avec ses trois titres mondiaux en vitesse et son statut de femme la plus rapide sur l’eau à la voile (record du monde à 50,43 nœuds de moyenne sur 500 m, soit 93 km/h). Charlotte Consorti a fait aujourd’hui de sa passion son métier, et régale les internautes avec sa web-série Youtube « Kitesurf Paradise ».

Emma : Pourrais-tu te présenter rapidement ?

Charlotte Consorti : Je suis franco-italienne. J’ai 41 ans et je suis kitesurfeuse professionnelle. J’ai grandi très loin de la mer, en banlieue parisienne, dans un HLM dans le 93 ! Mais je passais par contre tous mes étés à la mer en Italie et en Bretagne chez mes grands-parents. C’est de là qu’est née ma passion pour la mer. Après l’obtention de mon Deug STAPS, sur un coup de tête j’ai décidé d’aller vivre au bord de la mer. J’ai choisi Montpellier pour le soleil et les super statistiques de vent car je faisais du windsurf. C’est dans cette région que j’ai découvert le kitesurf, c’était au tout début de ce sport en 1999 !

 

Quel est ton palmarès ?

Je suis Recordwoman de vitesse sur l’eau et j’ai trois titres de Championne du monde de vitesse.

 

Peux-tu nous raconter tes débuts ?

Je faisais de la planche à voile à l’époque et j’ai vu des kitesurfers, cela m’a donné envie d’essayer. À l’époque c’était tout nouveau ! J’ai fait l’un des premiers stages de kite sur l’étang de Thau. J’ai bien galéré, j’ai même dû larguer mon aile et rentrer à la nage, mais j’ai trouvé ça fun ! Je précise qu’à l’époque, on naviguait en deux lignes c’était bien physique !

 

Pourquoi avoir choisi d’en faire ta discipline ?

J’ai commencé le kite car je faisais de la planche et je pensais que ce serait un bon complément pour le vent léger ! Puis peu à peu, j’ai pris tellement de plaisir à kiter que j’ai fini par revendre mon matos de planche pour m’acheter mes kites.

 

Quel est ton meilleur souvenir ?

En compétition, c’est le record du monde de vitesse. Car je me suis battue jusqu’au bout, c’étaient des conditions vraiment difficiles. Cela faisait plus d’un mois qu’on attendait ces conditions en Namibie et c’était l’avant-dernier jour. Je savais que c’était la dernière chance ! Il y avait une tension énorme pour tout le monde, et les conditions apocalyptiques n’arrangeaient rien. Je n’avais jamais navigué dans du vent aussi fort. Mon record du monde de vitesse, c’était un gros objectif et dépasser la barre des 50 nœuds a été assez incroyable !

En tournage des « Kitesurf Paradise », je garde tellement de bons souvenirs de tous mes voyages qu’il m’est impossible de choisir !

 

Tu t’es installée à Montpellier… Où pratiques-tu, dans la région ?

Je suis à Aigues-Mortes, proche de Montpellier. Je pratique sur toute la côte méditerranéenne en fonction du vent, de l’Almanarre au Canet en passant par Gruissan ou Leucate, ou encore Beauduc. Nous avons la chance d’avoir énormément de spots dans le sud ! Plus proche de Montpellier, je navigue vers la Grande Motte par marin et à l’Espiguette par tramontane ou mistral.

 

Quels sont les spots que tu recommanderais, en France et dans le monde ?

Beauduc et Leucate sont de très bons spots en France car le vent y souffle très souvent et il y a de grands espaces pour pratiquer !

Dans le monde j’adore les endroits sauvages, mes spots préférés sont aux Bahamas où il y a de multiples îles différentes à rider, les alizés y soufflent de novembre à mai. Ensuite pour l’été, de mai à septembre, je recommande l’Oman et l’île de Masirah, magique !

 

Suis-tu un entraînement quotidien particulier ?

Le kite prend énormément de temps mais pas uniquement sur l’eau, il faut trouver le bon spot en fonction des conditions, rouler parfois quelques heures, et finalement des fois attendre le vent plusieurs heures car les météos ne sont pas toujours fiables à 100 %. Les journées dans l’année où je ne fais pas de sport sont très rares. S’il n’y a pas assez de vent pour le kite, je vais faire de la préparation physique à la salle, ou encore courir ou nager.

Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui voudrait se lancer ?

De passer par une école de kite ! L’apprentissage sera beaucoup plus rapide et sera effectué en sécurité.

 

Quelles sont les qualités à avoir pour s’exercer dans cette discipline ?

Pour faire du kitesurf, il suffit de savoir nager et d’aimer passer du temps dans l’eau ! Après ce n’est que du plaisir, il faut simplement savoir toujours rester modeste face aux éléments, la mer et le vent.

 

On te connaît également pour ta série de vidéos « Kitesurf Paradise ». Peux-tu nous rappeler la genèse de ce projet ?

J’ai créé une web série qui s’appelle « Kitesurf Paradise ». Le principe c’est de partager des spots paradisiaques de kitesurf. J’en réalise 3 par an. Pour financer ces projets, les voyages sont réalisés en partenariat avec des offices du tourisme, des compagnies aériennes ou encore des hôtels. Ce projet est né de ma volonté de combiner mes deux passions, le voyage et le kite, et de les partager grâce à ces vidéos. Le but est de faire un guide des destinations paradisiaques de kite. Pour chaque destination, j’essaie de bien montrer tous les différents spots avec leur nom. J’écris également un roadbook pour les magazines et pour le site web « Kitesurf Paradise » qui explique quand et comment s’y rendre, les bonnes adresses…

 

Que penses-tu de l’évolution de la pratique sur ces dernières années ? Et en tant que femme ?

Je trouve que le kite a évolué ces dernières années vers plus de sécurité et de facilité. Cela a permis à de plus en plus de personnes de pratiquer, car c’est devenu beaucoup plus accessible et il y a également de plus en plus de femmes !

 

Un dernier mot sur ton actualité ?

Je rentre tout juste de Grèce où j’ai tourné l’épisode 23 des « Kitesurf Paradise ». Pour l’instant, dans la situation actuelle, tout est compliqué donc je ne projette rien à long terme. Je vais profiter un peu de mon homespot. J’ai la chance d’habiter à un endroit où je peux continuer de m’entraîner même l’hiver, je ne suis par conséquent pas à plaindre.

 

 

Propos recueillis par Marie GINESTE