05 Juin Escapade en Camargue
Vous vous en doutez, coronavirus et voyage ne font pas bon ménage. Alors cette fois-ci, nous vous avons réservé une balade au fil d’une journée dédiée à la nature. L’occasion de vous reconnecter à l’essentiel, mais aussi de profiter de la douceur de vivre du printemps. Pour ce nouveau numéro, Emma vous propose une escapade au cœur d’un territoire sauvage et à l’identité unique, peuplée de chevaux blancs et de milliers d’oiseaux.
La Camargue
Fière de ses traditions, cette terre les célèbre inlassablement, à travers des danses, des pèlerinages, des manifestations équestres et taurines mais aussi des processions, faisant vivre l’héritage des Provençaux, des Gardians, et des Gitans. Si trop longtemps elle fut une terre inhospitalière, c’est le marquis Folco de Baroncelli qui, à la fin du XIXe siècle, lui donne sa noblesse. Le trident des gardians et le cœur de l’église Notre-Dame de la Mer lui inspireront la croix de Camargue, emblème de la région, dessinée par son ami le sculpteur Hermann-Paul. Codifiant les processions, les chants, les coutumes qui donnent au pays sa fierté et son âme, il consacrera toute sa vie à la Camargue. Aujourd’hui encore, on se réunit sur son tombeau à la fin du pèlerinage de mai, pour une messe en provençal.
Les Saintes-Maries-de-la-Mer
Disputant à Arles son titre de « capitale », elles sont connues pour leur patrimoine. Ici tout témoigne de l’identité puissante de ce pays hors norme. Son église, Notre-Dame de la Mer, bâtie comme une forteresse, est sans doute le plus beau de ses joyaux. Elle serait la première église établie sur le sol français. On raconte que les saintes Marie Salomé et Marie Jacobé, disciples de Jésus, accompagnées de la vierge noire Sara, sainte patronne des gitans, seraient arrivées en Camargue dans une barque sans rames, ni voiles, après une longue errance en mer Méditerranée. Contraintes de fuir la Palestine sous la pression romaine, elles auraient trouvé refuge ici, et établi les premières communautés chrétiennes. Au XVe siècle, lors de fouilles sous l’église, on découvrira deux squelettes de femmes sur un bloc de marbre toujours exposé en son sein, « l’oreiller des Saintes ». Les reliques y sont, elles aussi, conservées et descendues deux fois par an, lors des très réputés pèlerinages d’octobre et de mai. Pour les plus audacieux, n’hésitez pas à vous aventurer sur le toit, la vue vaut clairement le détour.
Les plages
Au cœur du village, on en trouve plusieurs très familiales. Mais pour ceux qui rêvent d’horizons sauvages, direction l’Est de la cité. La plage, la plus grande et la plus sauvage de la côte méditerranéenne, offre un paysage de dunes à l’infini. À l’opposé, au-delà du bac du Sauvage qui traverse le Petit Rhône, se trouve une plage encore plus secrète, celle du Grand Radeau. L’hiver, elle est accessible à tous, et révèle sa beauté, ses cabanes en bois flotté, ses fleurs sauvages. L’été, un garde la réserve aux habitants de la ville. Inutile de chercher à déjouer sa vigilance. Il est cependant possible de contourner l’interdiction en étant accompagné d’un guide.
Le cheval blanc
C’est un véritable symbole, et vous pourrez l’admirer sans grande difficulté. De très nombreuses manades sont accessibles toute l’année. Compagnon du gardian, il est un outil de travail indispensable auprès des taureaux. Mais aussi une monture parfaite pour découvrir la région de façon authentique. Le long de la route de Méjanes, sur son dos vous pourrez observer les taureaux et les oiseaux. En traversant les étangs, vous pourrez parvenir au milieu des dunes, dans un paysage incroyablement sauvage, et galoper sur la plage immense et déserte. Il est aussi possible de faire des randonnées à travers la pinède.
Les bords du Petit Rhône
À l’Ouest de la ville, vous découvrirez un tout autre paysage aux faux airs de Louisiane. Surprenant et dépaysant, l’environnement s’explore à pied en traversant le bac du Sauvage. Ou bien en embarquant pour une courte croisière sur le célèbre Tiki III, un bateau rouge et blanc à aubes. La balade est un incontournable.
Le parc du Pont de Gau
Situé à seulement quelques kilomètres, c’est l’un des parcs ornithologiques les plus célèbres d’Europe. Au cœur des roselières, vous pourrez admirer des centaines d’oiseaux, notamment des busards, des ibis, des panures à moustaches, des hérons, des aigrettes, et l’emblème de Camargue, le célèbre flamant rose. Le plus beau moment pour les observer étant la fin de journée, autour de 18h, lorsque les gardiens les nourrissent et qu’ils accourent par milliers. En cette saison, vous aurez peut-être la chance de pouvoir observer des martins-pêcheurs d’Europe.
L’heure de rentrer
Nul doute que vous laisserez derrière vous une Camargue qui vous aura laissé béat d’admiration, une région authentique et admirable, dont les richesses naturelles apaiseront votre esprit et inonderont votre âme de leur plus pure beauté.
Texte Marie Gineste