Laure Barbaza, fondatrice de La Fabic

Depuis 2018, la FABIC propose des solutions innovantes pour les professionnels des métiers de bouche : location de cuisines, formations, conseils à la création de recettes… Nous avons rencontré sa créatrice.

 

Emma : Parlez-nous de votre parcours…

Laure Barbaza : Je suis diplômée de Sciences Po Aix-en-Provence et d’un master en intelligence économique. Après mes études, j’ai intégré un cabinet de conseil en études de marché et business plan pour les projets innovants et les filières agro-alimentaires. C’est de cette manière que j’ai pu mettre un pied dans l’alimentaire.

 

Comment l’idée de La FABIC est-elle née ?

Au bout de cinq ans, j’ai eu envie de créer ma propre entreprise. En 2016, j’ai quitté mon emploi, repris mes études pour valider un CAP Pâtissier puis créé ma société. À ce moment-là, j’ai eu besoin d’une cuisine professionnelle pour mon activité. Je me suis rendu compte que c’était très cher. En parallèle, je côtoyais des professionnels qui rencontraient la même problématique alors que certaines cuisines de restaurants ou de boulangeries n’étaient pas utilisées tout au long de la journée. C’est ainsi que m’est venue l’idée de La FABIC.

 

Quel est votre concept ?

Il a évolué ! Au départ, j’allais trouver des professionnels pour louer leurs espaces non utilisés à d’autres professionnels. Je ne vous cache pas que l’accueil a été un peu mitigé. Certains trouvaient l’idée géniale, un bon moyen de rentabiliser leurs locaux, d’aider les plus jeunes à se lancer. D’autres ont perçu mon initiative d’un mauvais œil, y voyant l’émergence de nouveaux acteurs et une concurrence déloyale.

 

Vous n’en êtes pas restée là…

Non, en effet. Fin 2018, début 2019, j’ai aussi développé des formations. Quand on est adulte et qu’on se reconvertit dans les métiers manuels, il existe très peu de moyens pour se former, on est trop vieux pour l’apprentissage ou trop jeune pour le CIF, le FONGECIF, etc.

 

De quel type de formation s’agit-il ?

L’idée est de proposer une formation de six jours, en cuisine avec un chef, pour montrer les gestes de base. Nous avons commencé avec la pâtisserie, aujourd’hui nous proposons aussi la cuisine, la boulangerie et les glaces. Depuis la COVID, la location de cuisines a complètement été stoppée, nous avons donc mis les formations en avant : pour vous donner un ordre d’idée, avant nous effectuions 80 % de location, 20 % de formation et maintenant nous réalisons 90% de formation et 10% de location.

 

Vous avez cessé de pratiquer…

Oui j’ai complètement arrêté depuis fin 2018, pour me consacrer exclusivement à la location et à la formation. Bien que je sois seule à avoir porté le projet, j’ai quand même été prise en charge par des incubateurs, les Chefs D’Oc sont mes parrains, et je collabore avec une dizaine de formateurs indépendants.

 

Votre offre a complètement évolué, en effet…

À partir du moment où j’ai réorienté l’activité sur la formation, c’est devenu beaucoup plus rentable d’avoir notre propre local, puisque, avant, nous organisions des formations dans les cuisines des autres.

Je me suis installée ici chez Bureaux And Co, un lieu incontestablement attractif.

 

À qui svos prestations s’adressent-elles ?

Côté formation, nous avons beaucoup de personnes en reconversion, mais aussi des passionnés désireux d’apprendre les bases. Il faut savoir que nos formations sont finançables par Pôle Emploi mais aussi le CPF (Compte personnel de formation), ce qui ouvre des possibilités pour tout le monde. Nous utilisons par contre toujours le référentiel des CAP cuisine, pâtisserie, pour avoir les bases de ces formations-là.

 

Et côté location de cuisines ?

Les profils sont variés. Nous avons des créateurs d’entreprises, des personnes qui organisent des cours en présentiel ou en visio parfois avec des chefs à l’étranger. Notre cuisine se loue aussi beaucoup pour de la photo ou de la vidéo culinaires.

 

Vous travaillez aussi avec les chefs…

Oui. L’idée c’est de profiter de l’espace dont nous disposons a pour proposer une fois par mois des ateliers de huit personnes avec un accord « mets et vins ». Les participants cuisinent avec le chef puis dégustent des vins en accord avec un vigneron qui partage son savoir avec eux. Cela permet aussi à toutes ces personnes de se rencontrer, de se connaître, de se découvrir et de créer une synergie dans un autre contexte.

 

Pourquoi La « FABIC » ?

Cela signifie « Fabrique d’Innovation Culinaire ». Cette notion de « fabriquer » est quelque chose de très important à mes yeux car on apprend en faisant.

L’innovation l’est également, car je propose un format assez inédit et des ateliers de « conseils » pour la création de recettes, l’organisation de la production. Je m’occupe personnellement de la partie stratégique, études de marché et business plan. Je pense qu’avec notre concept plutôt innovant, nous attirons des projets originaux.

 

Pas de regret ?

Non. Le processus de création de mon entreprise et le démarrage se sont avérés plus longs que ce que j’imaginais. Mais je me suis totalement retrouvée dans la liberté de l’entrepreneuriat. Pour rien au monde je ne retournerais à ma vie d’antan, il faut savoir être patient, et ne pas sauter les étapes car on apprend à chacune d’entre elles. C’est comme cela que l’on grandit, que l’on apprend sur soi-même.

 

Le mot de la fin ?

Dans l’entrepreneuriat il n’y a pas de règles, il n’y a pas de modes d’emploi. Le jour où j’ai compris que je devais agir comme je l’entendais plutôt qu’en suivant une stratégie bien établie, cela a débloqué tout un tas de choses.

 

site : www.lafabic.fr