Laure Moulin Résistante

Laure MOULIN, Figure discrète de la Résistance

« Si Jean Moulin apparaît en tête des personnalités résistantes les plus connues en France, c’est aussi, voire d’abord, grâce à sa sœur », rappelle aujourd’hui l’historien et journaliste Thomas Rabino. C’est dans une biographie très documentée parue aux éditions Perrin en janvier que l’auteur rend hommage au destin hors du commun de cette fervente résistante.

 

Laure est née à Saint-Andiol dans les Bouches-du-Rhône le 3 décembre 1892. Alors qu’elle a sept ans, la famille s’élargit avec la naissance de Jean. Mais en 1907, c’est le drame : son grand frère Joseph, âgé de 21 ans est emporté par la maladie.

 

La famille est républicaine depuis la Révolution française. Son père est un homme de conviction au charisme prononcé. Les figures féminines, ses grands-mères et sa mère sont également de fortes personnalités. Quand elle voudra entreprendre des études supérieures, ses parents donneront leur plein accord.

 

Il faut dire, elle est une bonne élève : elle obtient son brevet élémentaire en 1908, le brevet supérieur en 1910, et en 1913 elle est l’une des 400 bachelières françaises. Elle choisit de faire des études d’anglais, mais y renonce provisoirement pour devenir infirmière bénévole au sein de la Croix-Rouge. En 1915 elle s’inscrit finalement à la faculté des lettres de Montpellier. L’année suivante, elle effectue, seule, un voyage et un séjour de près de trois mois en Angleterre où elle travaille quelque temps comme fille au pair.

 

À partir de 1917, Jean et Laure Moulin vivent ensemble à Montpellier alors que Jean suit un cursus de droit tout en travaillant à la Préfecture de l’Hérault. Elle obtient son diplôme en juin 1918 et devient « professeure déléguée de lettres et d’anglais ». Grâce à son milieu, à ses qualités intellectuelles et à sa volonté, elle s’émancipe des rôles traditionnels féminins, par son célibat, par son goût du voyage, des arts et des antiquités. Fervente patriote, elle se portera volontaire durant la Grande Guerre pour soigner les soldats, viendra en aide aux républicains espagnols fuyant le franquisme, et rejoindra l’armée des ombres aux côtés de son frère dès l’été 1940. Agente de liaison, secrétaire, traductrice, dépositaire de ses secrets et de ses textes, elle lui apporte une aide indispensable à son action. Alors qu’il est torturé et assassiné par la Gestapo en 1943, elle se battra corps et âme pour honorer sa mémoire.

 

Un long chemin difficile jalonné d’échecs. Elle ne parviendra pas à faire extrader Klaus Barbie, ni à faire condamner le suspect numéro un dans l’arrestation de son frère : René Hardy, qui avouera à demi-mots au crépuscule de sa vie.

 

Le 3 août 1962, elle sera promue chevalier du Mérite social pour son action. Jusqu’à son décès en 1974, elle travaille, en gardienne infatigable de la mémoire du résistant, à la reconnaissance de l’ampleur de son action, et à sa panthéonisation. Elle décède le 31 décembre dans son domicile de la désormais Grand-Rue Jean-Moulin. Le club de l’Âge d’Or (centre d’animation pour les seniors affilié au CCAS) situé au 45, rue Frédéric-Bazille porte son nom.

 

 

 

 

Sources :

Femmes de Montpellier
Résistante oubliée entre dans l’histoire Laure Moulin
Laure Moulin à l’ombre du chef de l’armée des ombres