11 Mar Le 8 mars, ne nous souhaitez pas une « bonne fête de la femme » !
Vous savez ce qu’est le 8 mars ? La fête de la femme ! Raté… C’est la journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Ce n’est pas tout à fait la même chose! Les mots comme les actes ont un sens et le 8 mars n’a pas été choisi au hasard. C’est une journée de lutte et non une fête, encore moins une opération marketing. En ce jour, il ne s’agit pas de dire merci aux femmes mais stop aux inégalités. Même si elles les aiment, les femmes ne veulent pas des fleurs, mais l’égalité.
À l’origine, cette journée apparaît au début du XXe siècle sur une proposition de Clara Zetkin, présidente de l’Internationale socialiste des femmes, qui lutte pour le droit de vote des femmes, puis pour de meilleures conditions de travail et une égalité entre les sexes. Mais la date n’est pas encore fixée. À partir de 1917 et la grève des ouvrières de Saint-Pétersbourg, le 8 mars s’ancre dans une tradition de lutte ouvrière. Ce n’est qu’en 1977, après les mouvements féministes des années 70, que l’ONU l’institutionnalise. Elle est officialisée en 1982 en France à l’initiative du MLF en rappelant que c’est avant tout une journée de lutte pour les droits des femmes. Si la date oscille toujours entre revendications des luttes féministes, récupérations politiques et folklore sociétal, elle rassemble un peu plus chaque année, comme à Montpellier où, en 2020, nous étions près de 3 000 à manifester, dénonçant par la même occasion le glissement sémantique. Cette année, le thème du 8 mars 2021 sera le « Leadership féminin : Pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid-19 ».
Texte Marie GINESTE
Qui mieux que des femmes pour évoquer ce que représente cette journée ? Pour Emma Magazine, elles ont répondu sans tabou à la question :
« Que représentent pour vous cette date du 8 mars et la Journée Internationale pour les Droits des Femmes ? »
Barbara Pastre Glatz, fondatrice de l’agence « Vu d’en Face Production », créatrice de la course caritative « La Montpellier Reine ».
« La Journée des droits des femmes reste aujourd’hui d’une brûlante actualité. Car tant que l’égalité entre les hommes et les femmes ne sera pas atteinte, nous aurons besoin de la célébrer et pour moi, la journée de nos droits est tous les jours. Le 8 Mars, je fêterais différemment cette journée. Comme tous les matins, je bois mon café dans une tasse où se trouvent dessinées des femmes inspirantes… Jeanne, Marie, Joséphine, Edith, Marguerite, Coco et Simone…elles m’inspirent dans leurs combats comme Les débuts du féminisme avec Olympe de Gouges. Elles ont vécu durant des époques où la femme était reléguée au second plan. Mais loin de se laisser faire, elles ont décidé de se battre. De se battre pour que leur voix soit entendue et pour ne plus subir les codes moraux et sociaux. Voilà ce que m’inspire la journée Internationale des Droits des femmes. Une journée ou les femmes inspirantes sont à l’honneur. »
Carole Delga, présidente de la région Occitanie
Défendre les droits des femmes reste d’une brûlante actualité, y compris en France où les confinements de l’année écoulée ont donné lieu à une recrudescence des violences conjugales. Professionnellement, les femmes continuent à se heurter à de nombreux plafonds de verre : charge mentale, écarts salariaux, accès aux responsabilités…
L’Occitanie, terre d’Olympe de Gouges, a montré la voie de la parité, avec une présidente de Région et cinq présidentes de Départements, dans un pays qui ne compte que quatre femmes à la tête d’un exécutif régional et onze à la tête d’une assemblée départementale !
La parole se libère, des voix féminines s’élèvent partout dans le monde pour défendre le droit de travailler, de conduire, ou encore d’accéder à la contraception. Les femmes sont actrices du changement, elles osent, elles se sentent plus légitimes… C’est mon cas : aujourd’hui, je continue de mener ce combat pour une égalité réelle qui passe par des actions comme le mois de l’égalité femmes-hommes que nous organisons autour du 8 mars dans toutes les Maisons de ma Région, une féminisation des formations et des métiers, la lutte contre les violences sexistes et, pour encore mieux combattre les stéréotypes, la sensibilisation de plus de 100 000 jeunes grâce au dispositif Génération Égalité que nous avons mis en place dans les lycées et les écoles régionales de la 2e chance… .
« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait », écrivait Mark Twain. J’ai grandi entourée de femmes qui ne m’ont jamais laissé penser que, parce que j’étais une femme, je ne pouvais pas réaliser mes rêves, ce qui m’a donné de la force et une formidable liberté !
Marie Dominique Bellamy Clauzel, Directrice Montpellier Méditerranée Tourisme & Congrès
« Le 8 mars, la journée Internationale des femmes, ce mouvement est issu du socialisme … Pour moi c’est bien sûr le droit de vote qui est le symbole de la reconnaissance des droits de la femme …Une reconnaissance trop tardive à mon gout comparée à l’humanité, mais je suis la mère de 3 filles et d’un garçon qui ont grandi ensemble en bénéficiant des mêmes droits au sein de leur famille quelle chance ! Ce n’est pas le cas dans tous les foyers du Monde donc cette journée même si le symbole n’est pas perceptible pour toutes les femmes, nous essayons de faire valoir les droits de celles qui n’y arriveront jamais seules. Mes citations préférées de 3 femmes que j’admirerai toute ma vie : Le féminisme n’a jamais tué personne. Le machisme tue tous les jours, Benoite Groult.
La femme libre est seulement en train de naître, Simone de Beauvoir
Simple, forte, aimant l’art et l’idéal, brave et libre aussi, la femme de demain ne voudra ni dominer, ni être dominée,Louise Michel. Je suis profondément féministe et attachée à l’égalité des sexes !
Gwenaëlle Guerlavais, dirigeante d’une société de communication, autrice de livres, cofondatrice de l’association Ramène Ta Fraise, conseillère municipale aux Matelles
« Je rêve que le 8 mars soit une journée de fête, celle de l’égalité femme/homme. Mais, nous en sommes encore loin : le 8 mars reste donc une journée revendicative pour obtenir les mêmes droits. Certains esprits chagrins protestent parfois : « Mais, qu’est-ce qu’elles ont encore à réclamer ? », sous prétexte que nous sommes en France, le pays de la démocratie. Les chiffres parlent malheureusement d’eux-mêmes : une femme meurt tous les deux jours de violences conjugales ; à travail égal, les femmes restent payées 25% de moins que leurs collègues masculins ; seules 19,8% des maires sont des femmes ; et une femme consacre encore 3h26 de son temps aux tâches domestiques contre 2h pour les hommes… Sans parler des stéréotypes qui ont la vie dure dès le plus jeune âge, avec les cadeaux roses pour les petites filles « jolies » et « douces » et les cadeaux bleus pour les petits garçons « forts » et « intelligents ».
La crise sanitaire a mis en lumière l’importance des femmes, qui sont souvent en première ligne : infirmières, aides-soignantes, assistantes maternelles, femmes de ménage, caissières, etc. Qu’ont-elles eu en retour ? Beauvoir l’avait prédit : « Les droits des femmes ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. » Je rêve que plus d’hommes portent ce combat, que les femmes cessent de s’auto-censurer pour prendre la juste place qui leur revient dans notre société, et que les enfants soient élevés avec cette idée que tout leur est possible, qu’ils naissent filles ou garçons. »
Muriel Avinens, directrice de l’entreprise Dell Technologies à Montpellier
« La journée internationale des droits de la femme est un moment important pour faire le point sur là où nous en sommes de nos objectifs d’équité et d’inclusion dans le Monde. Encore plus dans cette période particulière, où les femmes ont été impactées encore plus que les hommes par la crise économique. Notre objectif chez Dell Technologies est d’avoir 50% de femmes dans nos effectifs à horizon 2030. Le 8 mars est une journée qui nous permet de rallier nos salariés autour de cette cause et du rôle que chacun d’entre nous devons jouer et bien sûr, de rappeler nos ambitions.
Isabelle MARSALA est une artiste-peintre montpelliéraine, créatrice de « L’atelier du Garage » en 1996, du « V.R.A.C. » en 2007 et de l’atelier « Le Petit Albert » en 2020. Peintre depuis plus de 30 ans, elle expose en France et à l’étranger, et a été Adjointe au Maire de Montpellier de 2014 à 2020.
« Bien entendu, je vais vous répondre que beaucoup d’avancées ont été faites mais qu’il reste encore un long chemin à parcourir ! Cette journée doit perdurer tant qu’une réelle égalité homme-femme ne sera pas atteinte. Et cela est valable dans beaucoup de domaines ! Seriez-vous capables de me citer 5 artistes peintres femmes avec seulement quelques minutes de réflexion ? Je crains que non ! Un homme fait deux expositions, il est peintre ! Une femme, on lui demandera ce qu’elle fait à coté dans la vie… C’est vrai que moi, je peins principalement des femmes, je raconte une histoire de femmes continuellement en fait ! Je suis fasciné par ces femmes d’un certain âge qui ont une telle façon de regarder la vie et une telle présence… Ce qui m’intéresse, c’est cette puissance de vie, cette pulsion, ce qui permet de rester debout ! Est-ce du féminisme ? Je ne sais pas, mais à partir du moment où une femme prend sa place, toute sa place, elle est forcément militante, de fait ! Le féminisme, c’est peut-être ça, c’est prendre sa vraie place, celle à laquelle on a droit, qui est la nôtre. Toutes les femmes que je peins ont pris leur place. C’est un combat que l’on n’a pas fini de mener : avortement, excision, contraception … les femmes ne sont pas encore libres dans le monde, ça se saurait ! Je me rappelle avoir participé, quand j’étais ado, à des manifestations pour le droit à l’avortement. C’est un sujet pour moi, vraiment. Il ne faut rien lâcher. »
Coralie Dubost, Députée de l’Hérault
Le 8 mars est une date anniversaire. Elle ne signifie pas tout, de la même façon qu’un individu ne réduit pas son existence au jour de son anniversaire, mais la célébration du rituel lui permet de réaliser, avec ses proches, le chemin personnel parcouru. Il en est de même pour le droit des femmes. La date anniversaire nous situe dans l’histoire, ici sociale, sociétale. Le 8 mars nous rappelle le chemin que nos prédécesseures ont parcouru pour nous permettre de proclamer l’égalité des droits en France et en Europe. Il nous rappelle aussi qu’il n’en est pas de même partout dans le monde. Même en Europe il tend à reculer, lorsque l’on voit la réduction des droits en Pologne, nous devons nous inquiéter. Aucune liberté fondamentale n’est jamais acquise, celles des droits des femmes sont encore plus fragiles. Je pense à ma grand-mère maternelle, qui a dû menacer son mari de divorce pour qu’il accepte de signer sa titularisation d’institutrice, à ma grand-mère paternelle, ostracisée parce que le père de son enfant l’avait abandonnée. Les femmes ont pendant longtemps porté toutes les responsabilités des défaillances masculines ou sociales. Ma mère, qui s’est émancipée à 17 ans pour pouvoir poursuivre ses études et choisir son métier librement. Les femmes sont historiquement courageuses parce qu’elles n’avaient pas le choix. Depuis quelques décennies, la société tente d’établir une égalité de droits et de considération qui garantisse le respect de la liberté d’être des femmes au même titre que celle des hommes. Mais que sont quelques décennies comparées aux siècles de culture ? Le chemin n’est pas fini. Il sera long, il ne réussira qu’avec la participation active des hommes. Ce n’est pas un combat de genre, c’est un combat de civilisation. Les hommes d’aujourd’hui ne sont pas responsables des actes de leurs aïeux, mais ils doivent être vigilants à ne pas répéter certains héritages culturels. Le 8 mars est une date anniversaire d’une volonté de respecter les femmes au même titre que les hommes,ensemble. In fine, c’est une fête universaliste.
Camille CATTAN, présidente d’une agence d’événementiel et de relations publiques, fondatrice du marché municipal les dimanches du Peyrou, chargée des relations presses du Marché du Lez.
“Le 8 mars pour moi symbolise bien évidemment les droits de la femme. Des droits fondamentaux qui pour des millions de femmes ne sont toujours pas une réalité. Même si partout dans le monde certains progrès sont enregistrés, sont remis aussi en question certains de ces acquis. Ce qui n’est pas normal surtout pour les femmes les plus fragiles, vulnérables, en situation précaire. Mais chaque année nous progressons davantage. Je suis très admirative de Simone de Beauvoir, Simone Veil, Colette, George Sand, Gisèle Halimi, Olympe de Gouges… toutes ces grandes ainsi que toutes les inconnues formidables qui se battent chaque jour davantage pour se faire entendre, écouter et enfin comprises. Mon fils de 11 ans se pose souvent des questions sur les rapports hommes femmes. Je lui en parle avec beaucoup d’humour, de respect et une grande liberté qui n’a cessé de croître au fil des années. Pour résumer je citerais les mots de George Sand, une femme de lettres obligée d’emprunter un nom d’homme pour pouvoir être publier : “La guerre sera longue et rude, mais je ne suis ni le premier, ni le seul,ni le dernier champion d’une si noble cause et je la défendrai tant qu’il me restera un souffle de vie”, Indiana,1832”.
Patricia WEBER, Vice-Présidente du Conseil Départemental de l’Hérault, déléguée aux solidarités à la personne
“Le Combat n’est pas fini. Cette journée du 8 mars qui prend ses origines dans une révolte portée par des femmes ouvrières début du 19ème siècle se joue tous les jours au nom du respect. Le Respect des femmes et des hommes, quelle que soit leur origine, leurs orientations sexuelles, leurs convictions, leurs croyances. Élue pour la première fois au sein d’une assemblée paritaire hommes-femmes, je me réjouis de cette solidarité féminine mais aussi de cette écoute, cette attention pour chaque élu (e) dans toute sa singularité. Un bel exercice de démocratie où chacun doit trouver sa place”.
La dessinatrice Fani, de son vrai nom Stéphanie Lévy, est coach en entreprise le jour. Installée depuis deux ans à Montpellier avec son mari et leurs trois fils, vous l’avez peut-être croiséedans l’Écusson… ou sur Twitter (@StephanieLevy75) : elle y partage avec ses 20 000 abonnés anecdotes et regard amusé sur l’actualité. Depuis le 1er confinement, Fani ne raconte plus seulement sa vie, elle la dessine ! Une dessinatrice 100% montpelliéraine dont les BD humoristiques et les dessins de presse sont nés dans notre ville.