19 Juil Le Regard d’Emmanuel Blanchemanche, Directeur Général du Domaine de Verchant

Emma : Avez-vous été surpris que l’on vous demande un entretien pour parler des femmes ?

(Sourire) Un peu oui, cela change en effet des sujets habituels abordés et en adéquation avec ma profession… l’hôtellerie, la restauration, le Domaine de Verchant… Mais à bien y réfléchir, je trouve cela très sympathique que vous ayez pensé à moi. Après tout, nous avons été partenaires pour le lancement du premier numéro du magazine…

Emma : Vous travaillez dans l’hôtellerie de luxe depuis de nombreuses années. Quelle place les femmes y occupent-elles ? Est-ce un secteur d’activité plus machiste qu’un autre ?

J’ai eu l’opportunité de travailler pendant ma carrière pour de grands groupes hôteliers américains où la mixité et l’égalité étaient de règle… l’Amérique, là encore, était en avance sur nous… Aujourd’hui la place des femmes dans notre secteur est encore plus importante, preuve en est, nous avons de grandes et talentueuses Cheffes des Cuisines ; il y a vingt ans, elles étaient presque « extraterrestres ». Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Nous avons également de plus en plus de femmes sommelières aussi, des métiers qui jadis étaient réservés aux hommes. Et aussi, de plus en plus d’hommes qui occupent le poste de Gouvernant Général, le monde change et c’est bien !

Emma : Quelle place occupent-elles à Verchant ?

Je suis fier de dire que mon comité de Direction est composé de 50 % de femmes ! Sur la centaine de salariés qu’emploie le Domaine, nous avons 57 % d’hommes et 43 % de femmes… Elles occupent donc une place importante.

Emma : En tant que directeur général, lutter contre les stéréotypes et les perceptions genrées, est-ce une priorité ?

Bien entendu, c’est une priorité et aussi une responsabilité dans le cadre de notre démarche RSE que nous avons entreprise depuis mon arrivée. Concrètement, il s’agit d’ouvrir tous les corps de métiers de notre profession à égalité et de ne faire aucune discrimination lors de réceptions de CV, d’entretiens et d’embauches par exemple. J’ai le souvenir d’avoir recruté une femme dans mon précédent hôtel qui postulait pour être… bagagiste ! Elle m’a convaincu, mais le plus difficile ensuite a consisté à convaincre nos clients… qui refusaient qu’elle porte leurs bagages, le sujet de l’avenir de la galanterie est intéressant dans ce cas, non ?

Emma : Le féminicide, les violences, le sexisme… ce sont des enjeux majeurs de société. Quelle est votre analyse sur ces questions ?

Combien de temps avons-nous ? Quel sujet grave… Ce sont des enjeux majeurs en effet, et quelle tristesse de constater que nous vivons encore de telles ignominies en 2021 dans notre pays ! Les médias et les réseaux sociaux nous livrent aujourd’hui plus instantanément des situations graves et inacceptables… en existe-t-il plus qu’auparavant ? Je ne sais pas. Mon analyse peut paraître simpliste et sans doute rapide, mais nous sommes clairement confrontés à un problème d’ordre éducatif ! Le rôle des parents et celui de l’école ont été totalement bouleversés, le respect des valeurs humaines aussi. Je suis pour le rétablissement de cours d’Éducation Civique dans le programme scolaire ! et enfin je suis favorable à notre monde multiculturel, avec ses avantages mais aussi ses différences et ses challenges.

Emma : Selon vous, quel rôle les hommes ont-ils à jouer ?

Je ne sais pas répondre à cette question… car j’ai une perception de la relation homme-femme comme deux êtres complémentaires… nous en revenons toujours au même point, l’éducation a tellement d’importance dans la vie d’un homme… Qu’attendez-vous des hommes, Mesdames… ?

Emma : Qui sont les femmes qui vous ont servi de modèle ?

« À ce jour, une seule différence subsiste, mais essentielle : ce sont les femmes qui portent les enfants et jamais les hommes. » Savez-vous qui a dit cela ? Elisabeth Badinter… Cette Dame a le courage et l’élégance des mots, forts et puissants. C’est un modèle selon moi et j’adore lire ses livres et l’écouter… Mais bien sûr mon ultime modèle, comme pour beaucoup d’hommes, restera ma mère, que j’ai toujours regardée avec des yeux d’enfants remplis d’admiration. Je mets de côté la période adolescente bien sûr (Rires). Elle a fait de moi ce que je suis aujourd’hui, un homme qui apprécie le goût de la vie simple, et ce malgré l’environnement professionnel dans lequel j’évolue. Elle m’a appris la valeur du travail et que rien n’arrive par hasard. Et enfin et surtout que sans vous, Mesdames, l’homme est bien perdu…

Propos recueillis par Marie Gineste / Photos @Charlène Pelut