17 Mar Leticia LECLERCQ L’atout féminin du groupe Boris et Leticia
Leticia et son mari, Boris, ont bâti un groupe à la sueur de leur front, multipliant les projets avec leurs quatre restaurants et l’achat d’un domaine viticole, La Grande Sieste à Aniane. Après une procédure de sauvegarde et une crise sanitaire, le couple, plus uni que jamais, revient sur le devant de la scène avec de nouveaux projets et des étoiles plein les yeux. Retour sur leur parcours hors norme.
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Aînée d’une fratrie de trois enfants, fille d’un médecin spécialiste des maladies tropicales, Leticia Leclercq passe les neuf premières années de son existence en Afrique puis en Bolivie. “Je pense que cela a été déterminant dans ma vie. Cela m’a donné le goût de l’ailleurs, des autres et une ouverture d’esprit assez incroyable. Mes parents avaient prévu que l’on rentre en France pour nos études supérieures, mais mon petit frère est né avec une malformation cardiaque, cela a précipité le retour”. Leticia suit son petit bonhomme de chemin avant de rencontrer sur les bancs de l’école celui qui deviendra son mari et associé.
“J’ai rencontré Boris, en intégrant Sup de Co Marseille. Il m’avait draguée en me vendant l’idée qu’il voulait monter un magasin de fleurs. J’avais trouvé ça hyper romantique ! (Rires) C’était un mensonge destiné à m’impressionner, mais j’avais quand même capté chez lui ce goût aiguisé pour l’entreprenariat”.
Elle ne croyait pas si bien dire. Vingt-cinq ans plus tard, ils sont mariés, parents de deux enfants et à la tête d’un groupe. Tout commence après l’obtention de leur diplôme.
“Le père de Boris rêvait d’acquérir un domaine viticole. Il s’est installé non loin d’ici, à Servian. Malheureusement, il a commis toutes les erreurs à ne pas faire quand on produit du vin et sur une appellation qui n’avait pas le vent en poupe. À l’époque je travaillais comme consultante chez Ernst & Young, je donnais seulement un coup de main. Boris, lui, s’occupait de la commercialisation des vins. Au bout de cinq ans, il a réussi à le revendre, in extremis, avant de tout perdre”.
Un échec qui se révélera utile dans l’avenir même si les deux jeunes gens l’ignorent encore. “Ce qui est drôle, c’est que j’étais consultante en agro-alimentaire et en vin sans me douter qu’un jour je serais vigneronne”.
À la naissance de leur premier enfant, Leticia Leclercq décide de monter une agence immobilière. “J’étais spécialisée dans la vente de biens anciens à rénover.
Boris était marchand de biens de son côté. En 2006, il a eu l’opportunité d’acquérir un fonds de commerce.
Au départ ce devait être un restaurant du midi. Et puis au bout d’un mois, il était ouvert 7j/7 midi et soir.
Pour la première fois, je le sentais épanoui pleinement et le succès était au rendez-vous”.
Leticia le rejoint définitivement en 2009 à l’achat du deuxième restaurant. “On se développait, il fallait que quelqu’un s’occupe de la communication et de la commercialisation ». Aujourd’hui, le couple est à la tête de plusieurs établissements. Bambino Rocco, Rocco et sa mère et Les oreilles et la Queue à Paris.
En mars 2015, le couple fait également l’acquisition d’un domaine de vin de 15 hectares à Aniane, La Grande Sieste.
“Le domaine était magnifique, mais le bâti en ruine. La réhabilitation a nécessité trois ans de travaux”.
Pour rentabiliser le domaine, ils choisissent de le louer pour des mariages ou des séminaires. “Réussir dans le vin, c’est long et nous ne venons pas d’une famille vigneronne”. Aujourd’hui gérante, elle avoue ne rien avoir anticipé. “Jamais je n’aurais imaginé réaliser tout ce que j’ai accompli. Je n’avais pas vraiment la fibre d’entreprendre en moi. En réalité, c’est Boris qui m’a donné le goût du risque !” Rires) Mais la vie d’entrepreneur n’est pas un long fleuve tranquille. Entreprendre, c’est une immense liberté.
Mais aussi beaucoup de solitude, beaucoup de responsabilités, surtout quand on a des salariés. Je suis quelqu’un de très optimiste. Mais quand on a été confinés la première fois, j’étais dans un état de sidération. Je pensais qu’on allait tout perdre”.
En plus de la crise sanitaire, le couple fait face à une procédure de sauvegarde. “Quand notre deuxième restaurant s’est cassé la figure, a fragilisé tout le groupe. En 2018, on a failli tout perdre”.
Mais le duo ne se laisse pas abattre.
“Cette épreuve nous a poussés à rebondir. Je pense que c’est ça aussi la qualité d’un bon entrepreneur, c’est être capable de toujours se remettre en question, de se réinventer”. Pourtant, les difficultés s’accumulent. En avril 2021, victime du gel, le domaine perd 70 % de sa récolte.
“J’ai un mari qui n’abandonne jamais, qui n’est jamais désespéré de rien.
Je pense qu’il a reçu toute la confiance du monde ! (Rires) Nous allons ouvrir un nouveau restaurant italien en avril à Castelnau-le-Lez, Mademoiselle Boris”.
Et à la Grande Sieste ? “Nous nous lançons dans un processus de vitiforesterie. L’idée consiste à se rapprocher le plus possible de ce que faisaient nos grands-parents, à retrouver le bon sens paysan. Nous allons lancer une parcelle expérimentale où nous allons faire de la co-plantation. Sur un même rang de vigne, nous allons planter en alternance plusieurs cépages et des arbres différents”. Leticia est une cheffe d’entreprise mais aussi une “vigneronne engagée” comme elle se plaît à le dire. “Je trouve que l’expression me résume bien. J’ai envie d’être engagée. Je ne veux pas juste faire mon métier en ne pensant qu’à moi. Si je peux faire ma part, je trouve ça important”.
On n’aurait pas dit mieux.
Propos recueillis par Marie Gineste /Photos @ Charlène Pelut