02 Juil Lydia Fesquet du Salon Nuans
On peut dire qu’elle a le sens de l’accueil. Dans son salon, place de la Comédie, Lydia reçoit ses clientes comme des invitées. Il y a trois ans, elle crée avec son mari Nicolas, Nuans, un concept novateur dans le monde de la coiffure où l’objectif premier est de révéler l’étincelle de beauté qui fait notre singularité. Épouse, mère et entrepreneuse, c’est une femme enthousiaste et passionnée qui gère ses multiples vies d’une main de maître. Rencontre.
Emma : Es-tu originaire d’ici ?
Lydia : Non, je suis originaire du Béarn. C’est le travail qui m’a conduite à m’installer à Montpellier. Et puis j’ai rencontré Nicolas… j’y suis restée.
Peux-tu nous parler de ton parcours ?
J’ai occupé le poste de district manager pour une société américaine pendant 19 ans. Un job génial qui me prenait beaucoup de temps, beaucoup d’énergie. J’avais de très gros volumes de chiffre d’affaires, 200 personnes à manager, 3 pays à gérer. À 40 ans, j’ai eu envie de raccrocher et d’être plus présente pour mon fils qui entrait dans l’adolescence.
Mais tu n’as pas tout arrêté…
Non ! J’avais toujours dit à Nicolas « le jour où j’arrête, il faut que nous associions nos compétences ». J’ai toujours senti qu’entre son talent dans la coiffure et mon expérience professionnelle à l’américaine, nous pouvions réaliser quelque chose.
C’est ce que vous avez fait…
Oui. Nuans est née de cette idée après plusieurs projets qui n’ont pas abouti. Nous avons réfléchi longtemps. Et surtout nous avons réalisé un repère de marque pendant un an.
Tu ne connaissais pas grand-chose à la coiffure ?
Je ne suis pas coiffeuse et je n’ai pas la prétention de le devenir. En revanche, j’ai suivi une formation chez l’Oréal et j’ai obtenu mon examen « les clés de la couleur ». Je me suis aussi formée sur le terrain en travaillant pendant 6 mois avec l’équipe de Nicolas dans son ancien salon pour apprendre les bases. Je suis complètement repartie de zéro ! Mais mes études dans le stylisme se sont révélées très utiles ! Aujourd’hui je suis capable d’établir un diagnostic, même d’appliquer une couleur, mais mon rôle n’est pas là.
Quel est ton rôle alors ?
J’apporte quelque chose de différent. À la fois dans le management, dans la maîtrise du chiffre d’affaires et dans l’animation des chiffres. Ce n’est pas courant dans le milieu de la coiffure. Mais aussi dans la partie commerciale et relationnelle. J’effectue ce que les équipes n’ont pas toujours le temps de faire. Je conseille, j’écoute, j’échange avec les clientes. Chez nous, les clients bénéficient d’un véritable accueil au sens du « guest » américain, c’est notre valeur ajoutée.
Est-ce la clé de voûte de votre concept ?
Pas seulement. D’une part, la cliente est accueillie « comme à la maison ».
Je trouvais que c’était ce qu’il manquait dans la coiffure. D’autre part, on a choisi de s’imposer comme des experts de la coloration. 80 % des femmes y ont recours.. Mais une coloration au gramme ! Tu ne payes que ce que tu consommes. L’idée c’est que la cliente revienne régulièrement et que l’on adapte le travail à chaque visite en fonction de ses besoins.
Ne proposez-vous pas de forfait ?
Non, nos prestations sont à la carte. Nous proposons toujours un diagnostic. Quand la cliente arrive, on l’installe dans « la salle conseil », on échange ensemble sur ses besoins, ses attentes, ses envies. C’est un élément clé car tu évites beaucoup d’erreur, tu réponds à un besoin précis. Et puis cela établit un rapport de confiance, sur le long terme. Et enfin on réalise un devis. Avant toute intervention, la cliente connaît le montant de la prestation qu’elle peut adapter à son budget. On tient à être le plus transparents possible dans notre travail.
Est-ce aussi le cas avec les marques que vous utilisez ?
Oui. Nous sommes multimarques. Nous voulions pouvoir prendre le meilleur chez chacune d’elles. C’est plus onéreux mais cela nous permet de rentrer une à deux nouvelles marques tous les ans.
Avec quelles marques collaborez-vous ?
L’Oréal, Kérastase, Saryna Key, Authentic Beauty Concept, Christophe Robin… . Pour la rentrée, j’ai un projet de marque organique et biologique, très engagée, chez laquelle tu peux recharger tes flacons.
Ce projet, vous l’avez porté à deux. Est-ce votre force ?
Oui, j’ai toujours su que je ferais quelque chose avec Nicolas. Nous sommes très complémentaires. Au-delà de cela, je ne l’aurais pas fait avec quelqu’un d’autre. Ce qui a été le plus difficile, c’est mon changement de carrière. J’avais une situation très confortable. Il m’a fallu beaucoup d’humilité et de courage. Mais cela m’a fait grandir !
Cela te rend-il fière ?
Ce dont je suis la plus fière, c’est notre équipe. Les collaborateurs nous donnent beaucoup mais c’est réciproque. Nous n’avons pas de « Turn Over », je crois que c’est révélateur ! Maintenant il faut durer dans le temps, c’est le plus difficile. Nous sommes particulièrement vigilants à cela.
Que souhaitez-vous pour l’avenir ?
L’objectif, c’est de développer la marque Nuans. Il y a des villes qui nous tiennent à cœur, comme Lyon ou Barcelone.
Pensez-vous à une franchise ?
Non, cela ne nous correspond pas. Il y a une perte d’âme trop importante. Nous sommes plus dans la démarche d’investir nos équipes. Nous essayons de leur donner cet esprit entrepreneurial mais c’est un travail de fond. Sans une bonne équipe, on n’arrive à rien. C’est important de partager la réussite.
Un conseil à quelqu’un qui voudrait se lancer ?
Si tu t’entoures des bonnes personnes, que tu aimes ton projet, que tu prends le temps de tout bien cadrer, tu ne peux pas échouer.
Être une femme, une mère, une épouse, une cheffe d’entreprise… comment fait-on pour tout concilier ?
C’est dur ! Mais encore une fois, cela se fait à deux ! Il faut communiquer. Et avoir des projets. Nous, cela nous a soudés d’être dans la même dynamique. Je suis ravie de m’être lancée à cet âge-là. Aujourd’hui je sais ce que je veux, mais surtout ce que je ne veux pas ! Avec l’expérience, tu apprends à aller à l’essentiel.
Propos recueillis par Marie GINESTE / Photos ©Guilhem CANAL