MODE DE TRAVAIL, Vers de nouveaux usages

Nous sommes nombreux à nous interroger, entreprises, indépendants ou salariés, sur l’avenir des modes de travail après la pandémie du covid-19. Tous les sondages s’accordent sur un point : la majorité des salariés ayant expérimenté le home office pendant la crise sanitaire souhaiteraient poursuivre l’expérience du télétravail deux à trois jours par semaine.

“Dans une étude récente de la CGT, on a demandé aux salariés combien de jours par semaine ils aimeraient télétravailler. Les résultats sont sans appel. Ils sont plus de 29 % à répondre trois jours par semaine et 27 % deux jours par semaine. Cela fait quand même plus de 50 % des salariés qui souhaitent œuvrer en télétravail plusieurs jours par semaine”, explique Julie Boutonnet, la co-fondatrice de Shareadesk, la première plateforme de réservation d’espaces de travail entre particuliers. Plus de flexibilité, un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle… Le télétravail a fait une entrée fracassante avec la crise sanitaire et est aujourd’hui une caractéristique essentielle de la situation.

“Pendant le confinement, j’ai été obligée, comme beaucoup, de travailler dans mon 40 m², seule. J’étais au bord du suicide ! (Rires) Dès que cela a été possible, j’ai invité des personnes à venir télétravailler à la maison, des potes ou des anciens collègues de boulot. Elles m’ont rendu la pareille. Un jour je me suis retrouvée dans une très belle villa à Jacou, piscine à débordement avec vue sur le Pic Saint-Loup… j’ai compris que je tenais un truc”.

À ce moment-là, Julie est Product Owner. C’est elle qui est en charge de définir la vision produit d’une application et d’orchestrer son développement. “Cela faisait un petit moment que j’avais envie d’entreprendre quelque chose. Là j’avais un concept, alors je me suis écoutée. Je me suis associée à Quentin qui est développeur et un ancien collègue de travail”, ajoute la jeune trentenaire.

Julie pense son concept sur le même principe que AirBnB. Les inscrits pourront proposer un ou plusieurs espaces de travail, isolés ou partagés, avec ou sans matériel. Photos, descriptifs détaillés à l’appui. “Grâce à l’application, les utilisateurs vont pouvoir proposer un espace de travail chez eux ou en rechercher un. L’idée, c’est de trouver son coworker par affinités professionnelles et/ou personnelles. Imaginons, je viens travailler chez toi, tu es sportive, moi aussi, nous pourrions faire un footing en plus de partager un déjeuner. L’idée, dans le fond, c’est de partager plus qu’une simple journée de travail”.

 

Une formule qui ouvre tous les champs des possibles et qui a de quoi séduire les salariés mais aussi les travailleurs indépendants. Depuis quelques années, ils sont nombreux à travailler sur un modèle hybride. “Si l’on compte tous les salariés qui télétravaillent au moins un jour par semaine, plus les freelances, cela représente 8,5 millions de personnes juste en France”, argumente Julie.
Un chiffre qui devrait continuer de grimper dans les années à venir. “Il n’y a jamais eu autant de reconversions ou de créations d’entreprises que depuis la crise sanitaire”, insiste la jeune femme.

Julie aimerait créer une véritable communauté. “En plus de l’aspect économique, il y a aussi un enjeu psychologique. Notre concept permet de mutualiser les compétences et favorise les échanges. Imaginez l’impact positif sur la santé mentale d’une personne !”
Travailler chez les autres créerait donc du lien social, de l’émancipation et des initiatives collectives. Côté tarification, Julie est claire.

“Notre volonté, c’est que ce ne soit pas cher, parce que l’idée c’est de rester accessible. On préconise un prix qui varie entre 10 et 15 euros par jour. Tout dépend des services que l’on propose en plus. Après, les utilisateurs sont libres de choisir le prix de leur location ou la somme qu’ils sont prêts à dépenser. Dans tous les cas, ce sera toujours moins cher d’aller chez un particulier que de se rendre dans un Coworking”.

 

La première version de l’appli doit sortir sous peu, au printemps. “Depuis mi-novembre, nous avons mis en ligne une page de lancement qui explique le concept et où les personnes peuvent se préinscrire. Elles nous précisent leur localisation et si elles souhaitent proposer ou rechercher un bureau”.
L’engouement est bien là. Julie a déjà comptabilisé plusieurs centaines de préinscriptions, à Montpellier mais aussi partout en France et à l’étranger. Au Portugal, en Belgique, en Angleterre et même au Mexique.

La start-up montpelliéraine promeut une nouvelle forme de télétravail qui a de beaux jours devant elle.

 

 

Propos recueillis par Marie Gineste /Photos @ Charlène Pelut