Muriel AVINENS, Dell Technologies

La directrice du site Dell Technologies de Montpellier, Muriel AVINENS, est nommée directrice des ventes de la division PME ETI pour la France,
Un marché que le groupe qualifie de “prioritaire”. Elle pilote une équipe de 100 personnes.

 

Directrice du site montpelliérain de Dell Technologies depuis 2016, vous êtes diplômée de Montpellier Business School…
Effectivement, j’ai commencé il y a 22 ans chez Dell, au départ comme stagiaire au service commercial.

De stagiaire à directrice de site ! Pouvez-vous revenir sur votre parcours ?

À l’époque, il y avait 450 personnes donc beaucoup d’opportunités de carrière. Très rapidement, je suis devenue coach. J’accompagnais les commerciaux sur les techniques de vente. Puis je suis passée manager du segment des particuliers. Mon site a été délocalisé à Casablanca. J’y ai passé un peu plus d’un an. Ce qui a clairement accéléré ma carrière. Ensuite, j’ai occupé différents postes de manager des ventes, dans différents segments de clientèle. J’ai été directrice commerciale puis en charge des opérations commerciales ici, à Montpellier. Rapidement on m’a proposé la direction du site en plus. Aujourd’hui je suis en charge de la direction des opérations et de la direction du site.

Quel est votre rôle exactement ?

Sur la direction du site, ma mission consiste à travailler sur tout ce que l’on appelle « bien-être » dans l’entreprise. Il s’agit de la partie diversité et inclusion. Je m’assure également de promouvoir le site, ses talents. Dans un deuxième temps, il y a toute la partie externe. Je me charge de représenter le groupe au niveau local. À Montpellier, sont implantées beaucoup de grandes entreprises et nous sommes très sollicités, par les politiques, les associations.

C’est assez éloigné de la partie opération et finance…

C’est très différent. Mais ce n’est pas plus mal. Au final, c’est complémentaire. J’ai un parcours commercial, donc j’aime être au contact des gens. La direction du site me permet de rayonner sur une équipe plus grande. Je travaille étroitement avec les Ressources humaines sur la stratégie et sur les actions mises en place sur le site.

Justement pour toutes ces questions de lutte contre les stéréotypes, d’inclusion, de diversité, de parité homme / femme, quelles sont les actions mises en place au sein de l’entreprise ?

Il y en a beaucoup. Il y a dix ans, nous avons créé une ERG. C’est une sorte de réseau interne pour promouvoir la diversité. La première Women in Action a eu pour objectif de porter le sujet de la diversité. Et puis nous avons décidé d’aller plus loin en créant une organisation externe qui accompagnait les entreprises dans la diversité et la lutte contre la discrimination. Sauf qu’à ce moment-là, je me suis retrouvée en formation avec 90 % d’hommes. Les femmes étaient invitées à « partager » leurs expériences. Cela m’a ouvert véritablement les yeux. Je me suis impliquée à 100 % dans mon rôle d’ambassadrice. C’est une action concrète que de former tous nos collaborateurs à ces notions. C’est une formation qui est très bien organisée. Elle aborde la diversité au sens large, pas seulement les questions hommes / femmes. Elle permet de prendre conscience de tous les préjugés et de tous les travers inconscients qui sont en nous.

C’est-à-dire ?

Elle aborde la notion des problèmes raciaux aussi, les manières de s’opposer aux actes, aux paroles. Il s’agit ici d’être acteur et pas simplement passif en se disant « moi je ne suis pas raciste ». Et puis il y a un objectif quantitatif au niveau de la corporation. L’objectif clair est d’atteindre la proportion de 50 % de femmes à horizon 2030.

Sur le site de Montpellier, où en êtes-vous ?

À un tiers environ.

Il y a plus d’hommes que de femmes sur les postes importants…
C’est là le deuxième objectif. À horizon 2030, on espère 40 % de femmes parmi les managers. Après, il y a un problème de recrutement, honnêtement. Des femmes qui sont motivées pour venir dans le monde de l’informatique et du numérique, il n’y en a pas beaucoup. On commence à faire un peu de discrimination positive autour de cette question. Nous travaillons en local avec des associations pour donner envie aux collégiennes, aux lycéennes, de rejoindre le monde de l’informatique.

Par quel biais ?

Nous entretenons un partenariat fort avec FACE HÉRAULT. Nous organisons des forums où nous parlons de ce que nous faisons. Nous avons des accords avec « Elles bougent », une association qui encourage les femmes à se diriger vers les métiers d’ingénierie.
Nous essayons de donner envie ! Par an, nous avons entre 40 et 60 alternants sur lesquels nous arrivons à peu près à avoir la parité.

Pourquoi les femmes sont-elles moins attirées par les technologies ?

Nous nous sommes penchés sur la question, on sait qu’elles sont meilleures en mathématiques. On sait aussi qu’elles font de plus longues études, mais elles ne vont pas vers ces métiers-là. Déjà, à cause de l’entourage. Et puis c’est quand même un secteur qui reste très masculin et dans lequel les clichés ont encore leur place. Et ce sont ces codes qu’il faut changer.

Vous-même, comment avez-vous vécu votre évolution de carrière en tant que femme ?

Je suis issue d’une famille de quatre filles. Mon père travaillait, ma mère non, comme beaucoup de femmes de cette génération. Je ne me suis pas vraiment posé de questions jusqu’au moment où je me suis retrouvée manager dans une équipe où j’étais la seule femme. Et puis j’ai eu un fils. La maternité m’a amenée à m’interroger. C’était étrange de voir que mon mari se questionnait beaucoup moins. C’est là que j’ai compris que nous n’étions pas tout à fait sur la même notion d’égalité. Aujourd’hui nous échangeons beaucoup plus sur ces sujets. Quand les jeunes femmes arrivent sur le marché de l’emploi, elles sont plus fortes, rien ne les arrête.

Au final, les choses évoluent dans le bon sens…

Oui. Je dirais même que le groupe Dell est plutôt en avance sur beaucoup de points sur cet aspect-là, avec une intolérance face à la discrimination et à tout ce qui peut être contraire à la notion d’inclusion. Maintenant, est-ce que la société va à la bonne allure ? Je ne pense pas, quand je regarde les nouvelles et les violences que subissent encore les femmes aujourd’hui.

Vous parlez de la maternité, l’éducation des enfants a-t-elle un rôle à jouer ?

C’est sûr. Il faut dire à nos filles comme à nos garçons qu’ils peuvent faire ce qu’ils souhaitent dans la vie. Qu’au même niveau, ils peuvent être entrepreneurs, gagner de l’argent, avoir des responsabilités. J’ai une anecdote assez amusante sur le sujet. Mon fils, qui était malade, a souhaité que l’on appelle son papa. Je lui ai demandé pourquoi. Il m’a répondu : « Tu es plus importante que papa, tu passes au journal télévisé ! » (Rires)