Jeanne du blog « My Urban Sweetnesses »

Originaire de Nîmes, Jeanne vit à Montpellier depuis de nombreuses années. Derrière ce sourire doux et inaltérable se cache une femme généreuse et enthousiaste. Elle est amoureuse des langues étrangères et curieuse de l’ailleurs, et c’est tout naturellement qu’elle choisit de travailler dans les relations publiques internationales. En parallèle, via son blog « My Urban Sweetnesses », elle partage avec nous depuis presque dix ans son regard sur la ville et ses habitants avec toujours la même fraîcheur et surtout beaucoup de bienveillance. Rencontre.

 

Emma : Qu’est-ce qui vous a poussée à créer ce blog ?

Jeanne : Pour être tout à fait honnête, je n’y avais jamais pensé. Par nature, je suis quelqu’un d’assez timide et introverti. Et puis il y a un peu plus de dix ans maintenant, j’ai réalisé un bilan de compétences dans le cadre de mon activité professionnelle. Comme beaucoup, je pensais bien me connaître… finalement pas si bien que cela. Je me suis découvert des talents de communicante. J’ai quitté mon poste administratif pour les relations publiques. En parallèle, j’étais souvent sollicitée par mon entourage concernant les lieux où sortir, où boire un verre ou bien manger. L’idée a commencé à germer dans mon esprit. Et puis en 2012, je me suis lancée. J’avais très envie de partager mes expériences, c’est dans mon tempérament.

 

Quelle est histoire qui se cache derrière le nom « My Urban Sweetnesses »?

Un matin Fred, mon compagnon, et moi étions en train de prendre notre petit déjeuner, et j’ai entendu à la radio « au chapitre des violences urbaines ». Là je l’ai regardé et je lui ai dit « Fred, il y en a marre, il n’y a pas que des violences urbaines, il y a aussi des douceurs urbaines. » Et c’est parti comme ça. Moi qui adore l’anglais, j’ai traduit l’expression.

 

Quel message cherchez-vous à faire passer ?

Il y a des pépites dans notre ville, des talents en masse, des personnes exceptionnelles. Cela me paraît important de les partager et de montrer aussi aux jeunes qu’il faut avoir confiance en soi, être curieux. Ne pas traverser la vie en se disant « j’aurais aimé… ».

 

Vos articles sont orientés sur l’artisanat, le savoir-faire, la gastronomie, les rencontres…

Je dirais que mon contenu est orienté « lifestyle ». J’aime ce qui est un peu décalé ou inédit. Mais surtout les personnes qui disposent d’un savoir-faire. Quand j’ai commencé, sans vraiment m’en rendre compte, j’ai très rapidement interviewé presque exclusivement des femmes. Des entrepreneures, des artisanes ou des artistes, souvent des personnes qui démarraient. J’étais admirative et extrêmement touchée face à ces Shiva de l’entreprenariat.

 

Vous souvenez-vous de votre première publication ?

Oui ! elle avait pour sujet un salon de coiffure. Comme je connaissais bien le lieu, je n’ai pas mené d’interview. Aujourd’hui, c’est systématique. Je rencontre toujours les personnes. C’est ce qui m’intéresse le plus. Je n’imaginerais pas de parler d’un lieu, par exemple, sans y être allée.

 

Comment construisez-vous le contenu que vous diffusez ?

Déjà, je précise qu’il s’agit de mon propre regard, commandé par rien d’autre que mes envies et ma curiosité. C’est très important de faire tout cela de façon libre et non commerciale. Il m’arrive de conclure des partenariats, mais je ne gagne absolument pas ma vie comme cela. Je n’ai pas de réelle stratégie. Je partage ce qui me fait plaisir, je ne cours pas après les « likes ». Je n’établis aucune programmation. Tout est très spontané. Je découvre quelque chose qui me plaît, je contacte la personne et j’organise mon interview tranquillement.

 

Pendant le confinement, vous avez posté de nombreux portraits…

Oui. Je me suis adaptée. J’ai contacté une première personne, puis une deuxième, et puis je me suis prise au jeu. J’ai senti que j’apportais quelque chose. Cela m’a beaucoup nourrie émotionnellement. Je suis quelqu’un d’émotif et de sensible même si mon ton reste neutre. Cela a bien occupé mes journées ! J’ai retrouvé beaucoup de sérénité.

 

Comment gérez-vous les réseaux sociaux ?

Je les utilise assez différemment de mon blog. Avant j’utilisais beaucoup Facebook, plus du tout aujourd’hui. Je me concentre sur Instagram. J’adore la photographie, l’image. J’aurais aimé pouvoir sublimer mes rencontres grâce à la photo mais je ne suis pas photographe, bien que je me sois beaucoup améliorée ! (Rires) Instagram, c’est le réseau qui me permet de travailler l’image et de proposer un contenu visuel avec un peu de texte.

 

Comment fait-on pour ne pas perdre l’authenticité de ce que l’on vit lorsqu’on est connecté aux réseaux sociaux comme vous l’êtes ?

Je n’ai pas de recul, mais personnellement je ne suis pas dans la mise en scène. Mon blog, je ne le vois pas comme « mon bébé » mais vraiment comme un prolongement de ma personne. C’est mon quotidien. Sauf que tout ce qui relève du privé, je le garde pour moi. Je ne vois pas l’intérêt de le diffuser. J’ai davantage tendance à partager les choses positives et bienveillantes que des coups de gueule, qui n’ont pour moi aucun intérêt.

 

Tenir un blog, cela prend-il du temps ?

Oui. J’ai très vite appris que rédiger nécessitait beaucoup de temps. Il faut préparer l’interview, rencontrer la personne, rédiger, corriger, insérer des liens… En plus, j’ai un petit côté perfectionniste donc j’aime avoir un contenu hyper qualitatif. Je ne publierais pas un article brut sur la toile. Depuis deux ans, je travaille à temps partiel. Je peux donc consacrer mes vendredis au blog et à mes interviews. Je ne suis plus schizophrène et cela me va bien ! (Rires)

 

Avez-vous déjà eu envie de ne faire que cela ?

Oui, à plusieurs reprises. Mais j’ai peur de la surexposition. Je craindrais d’être un peu trop dans la lumière. Je suis très protectrice de mon entourage. Les gens savent à peine que j’ai une fille et ne connaissent pas son visage. C’est pareil pour mon compagnon. Je les protège. Je suis même très inquiète quand je vois ce que certains font avec leurs jeunes enfants. Que va-t-il se passer quand ils seront adolescents ou adultes par rapport à leur image ?

 

 

Tenir un blog, qu’est-ce que cela a changé dans votre vie ?

Cela m’a donné de l’assurance. Quand j’ai démarré, j’ai rencontré d’autres blogueuses. Assez rapidement, j’ai créé les « apéros blogueuses». Nous nous retrouvions tous les premiers jeudis du mois dans un lieu différent. À l’époque, je n’étais pas la Jeanne qui est assise en face de toi ! J’étais très introvertie. Lors des premiers apéros, je n’osais même pas me présenter ni parler de mon blog alors que j’étais à l’origine de ces rencontres (Rires). Bon, puis très vite heureusement je me suis lancée. C’est du passé, mais cela a été une incroyable expérience ! Le blog m’a offert de nombreuses opportunités de partenariat qui ont assis ma notoriété, comme à la télévision avec l’émission « Un dimanche en France ». J’y ai participé avec beaucoup de plaisir. Et aujourd’hui je me sens légitime. Je ne sais pas si cela est dû à mes 56 ans, mais aujourd’hui, j’ai 100 % de bienveillance dans ma communauté.

 

Des projets pour l’avenir ?

Tout récemment j’ai été contactée par France Bleu Hérault pour une émission. Elle se déroulera sur un format d’une heure, le vendredi matin, de 9h30 à 10h30. J’y évoquerai l’un de mes coups de cœur et d’une blogueuse que j’aurai choisi de présenter. À son tour elle présentera un coup de cœur ou un coup de gueule.

 

www.myurbansweetnesses.fr