Safi N’Diaye, le rugby au féminin

À trente-deux ans, elle est l’une des stars du xv de France féminin, mais aussi la capitaine du Montpellier Rugby Club. Avec six titres de championne de France, trois grands Chelems avec les Bleues et deux participations à la Coupe du monde, c’est l’une des icônes du rugby féminin français. Pour Emma, elle raconte les grandes lignes de son parcours.

 

Emma : Comment avez-vous découvert le rugby ? 

Safi N’Diaye : J’ai découvert le rugby dans le Tarn à Castres à l’âge de douze ans. J’ai tout de suite adhéré à l’état d’esprit, au dépassement de soi que demande ce sport.

 

Depuis combien de temps le pratiquez-vous ?  

Depuis vingt ans comme numéro 8 ou 5. Je joue au MRC (Montpellier Rugby Club) depuis 2011.

 

Vous êtes aussi capitaine…  

Mon rôle est de faire le lien entre le groupe et le staff pendant toute la saison, mais aussi le lien avec le corps arbitral pendant les matchs. Je suis également là auprès des joueuses pour être à l’écoute sur le terrain et en dehors.

 

À l’entame de la saison 2020-2021, seules vingt-six joueuses, qui évoluent en équipe de France de rugby à xv, disposent d’un statut semi-professionnel, rémunérées à mi-temps à travers des contrats fédéraux. Est-ce votre cas ? Exercez-vous un métier à côté ?

Oui je suis actuellement sous contrat à 75 % avec la fédération. Depuis juin 2020 je me consacre à 100 % au rugby, mais jusqu’à présent j’étais éducatrice au sein de l’ITEP de Nazareth.

 

Quelles réactions suscitez-vous lorsque vous dites que vous jouez au rugby ?  

C’est très variable, mais aujourd’hui cela étonne moins. Les réactions sont plutôt positives et encourageantes.

 

Justement, avez-vous déjà été confrontée à du sexisme ?

Oui à plusieurs reprises. « Pourquoi faites-vous ce sport ? Ce n’est pas un sport féminin, vous ressemblez à des hommes » et j’en passe ! Mais heureusement ces réflexions se font de plus en plus rares.

 

Quelles lignes faut-il faire bouger dans le rugby féminin ?

La structuration des clubs, l’organisation du semi-professionnalisme, la médiatisation.

 

Comment pourrait-il devenir plus populaire ? 

Avec un championnat plus attractif, davantage de médiatisation et de communication.

 

Que diriez-vous aux filles qui hésiteraient à se lancer dans le rugby ?

D’essayer, rien ne les engage, mais qu’elles vont à coup sûr s’éclater. Se sentir libres et se défouler.

 

Dans quel état d’esprit êtes-vous dans ce contexte de crise sanitaire qui a conduit à l’interruption de la saison ? Comment voyez-vous les mois à venir ?

Nous avons la chance de pouvoir jouer car nous avons des dérogations dues à notre statut de joueuses de haut niveau. Nous nous faisons tester toutes les semaines. Je reste optimiste pour les mois à venir même si je sais qu’il va falloir s’adapter au quotidien aux nouvelles restrictions et évolutions de l’épidémie.