29 Déc Sandrine Bouglione, l’écocirque une première mondiale
Sandrine Bouglione est une enfant du cirque. Avec son mari, André-Joseph, ils ont décidé de renoncer aux animaux au nom de leur bien-être. Un choix mûrement réfléchi qui donne aujourd’hui naissance à un nouveau concept qui défend un renouvellement total des pratiques, l’Écocirque.
Après plus de vingt ans de cirque traditionnel, Sandrine et André-Joseph Bouglione – petit-fils du célèbre Joseph Bouglione – se lancent dans une aventure inédite, confronté à des réflexions d’un public de plus en plus mal à l’aise avec la présence d’animaux sauvages. « La nouvelle génération est hyper-engagée, sensible à la question du vivant. Les enfants sont choqués de voir les animaux sauvages en cage alors même que notre but, c’est de les faire rêver », explique l’ancienne dompteuse. Une réalité qui a eu l’effet d’un déclic.« Nos animaux ont commencé à vieillir, à mourir. Alors que nous commencions à réfléchir à la manière de passer le flambeau à nos enfants, nous nous sommes interrogés. Nous étions anti-corrida, et pourtant nous étions dompteurs. Nous avons eu un vrai questionnement philosophique. J’ai appris à marcher avec les tigres. Mon premier animal de compagnie était un éléphant. Mais le constat, c’est que nos animaux naissaient et mouraient dans une cage »,ajoute-t-elle. En 2017, ils décident de ne plus présenter d’animaux. Une décision radicale qui leur vaudra l’incompréhension d’une grande partie de la profession. Sandrine Bouglione ne renie pas son passé mais argumente. « Le cirque a plus de 250 ans d’existence, il n’est pas né avec les animaux sauvages, qui ont été importés à l’époque coloniale. Nous avons besoin d’évoluer, sans quoi nous vivrons le même destin que d’autres genres qui n’ont pas su s’adapter, comme le music-hall. » Pendant trois ans, le couple travaille sans relâche pour lancer son nouveau spectacle 100 % humain avec des artistes triés sur le volet. Funambules, acrobates, lanceurs de couteaux, trapézistes, jongleurs, clowns… 25 artistes de très haut niveau, venus du monde entier, évolueront dans une scénographie où tout a été pensé pour faire rêver petits et grands. Comme le lancer de couteaux réalisé par une femme sur une cible masculine. Une première ! Les animaux, bel et bien présents, mais sous forme holographique, feront ainsi le lien entre l’ancien et le moderne. Debout sur ses pattes, l’ours blanc culminera à plusieurs mètres comme un symbole incarnant les enjeux liés à la protection, à la biodiversité et au réchauffement climatique. « Nous avons d’ailleurs l’empreinte carbone la plus faible du monde pour un cirque », indique Sandrine Bouglione, qui précise que le village de l’Écocirque, composé de containers recyclables, proposera des animations gratuites pour toute la famille autour des thématiques environnementales. En point d’orgue de la première édition, la cause animale. La musique, elle, sera jouée en direct pendant tout le spectacle pour une ambiance « rock’n’roll circus ». S’ils ont choisi la ville de Montpellier pour leur première, qui aura lieu le 18 décembre prochain, ce n’est pas dû au hasard. « Cela fait plusieurs années que nous travaillons avec la Ville. Elle a été un de nos partenaires et soutiens de la première heure. La nouvelle équipe municipale a exactement la même volonté. Il y a vraiment un lien très fort entre Montpellier et nous », affirme-t-elle. Le cirque partira ensuite en tournée en France pour deux ans avant de préparer une tournée européenne.
Propos recueillis par Marie Gineste /Photos @Charlène Pélut