Simone Demangel, nom de guerre, Pauline

Féministe, résistante, Simone Demangel sera tout au long de sa vie animée par un refus viscéral de l’injustice. Retour sur un destin hors du commun.

 

Née le 30 juin 1903 à Paris, elle grandit dans une famille d’académiciens et d’intellectuels. En 1927, elle épouse Robert Demangel et s’installe à Montpellier l’année suivante, à la nomination de son mari comme professeur à la faculté de Lettres. Ce dernier étant nommé directeur de l’École française d’Athènes, Simone reste seule en France pour élever leurs trois filles.

Lorsque la guerre éclate, elle est infirmière et suit des cours de médecine à la faculté. Si l’immense majorité de la population est alors sympathisante du régime de Vichy, elle, dans le plus grand secret, entre dans la Résistance sous le nom de Pauline. Dès la signature de l’armistice, elle y consacre tout son temps. Avec la complicité d’un fonctionnaire, elle fabrique de faux papiers. Sur un enregistrement conservé aux archives de la ville, Simone raconte : « On avait dérobé des tampons officiels à la mairie de Montpellier. On déclarait comme lieux de naissance des villes ou villages dont les archives municipales avaient été détruites. Ainsi, personne ne pouvait vérifier ». Arrêtée à différentes reprises, elle poursuit sa tâche malgré tout. La nuit, lorsque les trains des rafles font halte en gare de Montpellier, elle et d’autres résistants de la ville distribuent des vivres aux prisonniers entassés dans les fourgons à bestiaux avant d’être déportés à Drancy.

Fin 1943, elle est démasquée. Alertée par l’une de ses amies, elle envoie aussitôt ses filles chez leurs grands-parents et trouve refuge auprès du Capitaine Léon Bolivar dans le secteur de Clermont-l’Hérault. Elle prend le maquis et entre dans la clandestinité comme agent de liaison pour le Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés du capitaine Maurice Planès.

Elle joue un rôle majeur, transportant des instructions des chefs de réseaux en les cachant dans le guidon de sa bicyclette. On ignore combien de familles son action dans la Résistance a permis de sauver, mais son action fut grande à n’en pas douter. Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle reçoit la Légion d’honneur directement des mains du Général de Lattre de Tassigny. Puis la Croix de Guerre et la Médaille de la Résistance. Elle devient avec Laure Moulin, Héloïse Brun-Dumesnil et Marguerite Labraque-Bordenave, l’une des toutes premières femmes à entrer au Conseil municipal de Montpellier, la seule à recevoir une délégation. Elle milite pour l’instauration du vote des femmes, crée l’association « le Nid » pour venir en aide aux prostituées et s’investit auprès des plus démunis en faisant venir l’Abbé Pierre dans l’Hérault pour créer « Les Compagnons d’Emmaüs ».

Installée au château d’Assas avec sa famille dès 1949, elle est la propriétaire d’une fabuleuse collection d’instruments de musique anciens, et devient, à la fin de sa vie, la protectrice du célèbre claveciniste américain Scott Ross.

Elle décède le 8 mars 1995, lors de la journée mondiale des femmes. Un symbole pour cette femme extraordinaire, dont l’histoire nous prouve qu’il est toujours possible de changer le cours des choses.

 

Sources : https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/herault/montpellier/montpellier-retour-histoire-hors-du-commun-resistante-simone-demangel-1757421.html

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Simone_Demangel

 

https://www.montpellier.fr/4412-femmes-de-montpellier.htm