05 Oct Valérie GAUVIN, footballeuse
Née à Sainte-Clotilde à la Réunion le 1er juin 1996, Valérie GAUVIN est une footballeuse internationale française évoluant au poste d’attaquante.
Elle est élue en 2014 meilleure buteuse du championnat de France D2 avec 32 buts inscrits en 20 matches. Appelée en équipe de France féminine dès 2012 Valérie GAUVIN n’a que 19 ans lorsqu’elle découvre la sélection tricolore.
Accepteriez-vous de nous résumer votre parcours ?
J’ai commencé à jouer au foot à l’âge de sept ans dans le club de Mirande FC. J’ai intégré le Toulouse Football Club (TFC), mon premier club professionnel, à l’âge de douze ans. J’ai gagné mon premier titre de Championne de France l’année d’après et obtenu mon premier titre de meilleure buteuse de la compétition. Les années ont passé et j’ai évolué. J’ai joué en U19 nationale, sur la première édition du tournoi de France, nous avons été sacrées championnes. J’ai connu la D1 (Division 1) et la D2 (Division 2) sur ma dernière année 2013-2014. J’ai réalisé une superbe saison, en étant élue meilleure buteuse du championnat avec 32 buts en 22 matchs. En parallèle, j’ai joué avec l’équipe U19 avec laquelle j’ai marqué 19 buts en 3 matchs. Ça a été une super saison pour moi. Après six ans passés au TFC et après mon Bac, je suis allée signer mon premier contrat professionnel avec le Montpellier Hérault Sport Club (MHSC) en 2014.
Vous y passez six ans…
Oui j’ai effectué six ans au MHSC. J’ai joué en D1 et j’ai poursuivi mes études en parallèle. J’ai pu disputer deux finales de Coupe de France. En 2015, j’ai été Championne du monde Universitaire avec l’équipe de France Universitaire, la compétition se déroulait à Gwandju, en Corée du Sud. J’ai été élue meilleure buteuse de la compétition avec 7 buts en 6 matchs. J’ai aussi été finaliste de la Coupe du monde des moins de 20 ans en 2016 en Papouasie Nouvelle-Guinée. La même année, j’ai eu ma première sélection avec l’Équipe de France. J’ai joué la Coupe du monde 2019 qui s’est déroulée en France et nous sommes allées jusqu’en quart de finale. Après six saisons avec Montpellier, j’ai décidé de tenter une nouvelle expérience à l’étranger. J’entame ma deuxième saison dans le club d’Everton.
Comment avez-vous découvert le football ?
J’ai commencé à jouer au football lorsque j’étais à l’école primaire. Je jouais avec les garçons à chaque fois que j’avais du temps libre pendant les récréations. Un jour, un ami qui jouait dans le club de Mirande m’a demandé si ça m’intéresserait de jouer avec lui dans son club. Je lui ai répondu « pourquoi pas ? ». Je m’en souviens comme si c’était hier, je suis allée faire un essai un mercredi après-midi. Je n’avais pas d’affaires de foot. J’ai joué en baskets, dans une tenue violette. (Rires) Ils m’ont demandé si je voulais venir jouer dans le club, j’ai dit oui. Tout a commencé comme cela. J’ai toujours aimé le sport. Je pratiquais le judo, j’en ai fait pendant deux ans. J’ai aussi joué au tennis pendant trois ans.
Qu’est-ce qui vous a poussée à devenir professionnelle ?
Rien de particulier. J’adorais le sport en général. Quand j’ai dû choisi entre le tennis et le foot, j’ai tout fait pour atteindre un haut niveau. Toute petite déjà je disais que je jouerais en Équipe de France et que je deviendrais professionnelle.
Comment votre passion pour le foot, vos choix de carrière, sont-ils perçus par votre entourage ?
Au début ma mère ne voulait pas du tout que je joue au foot. Et puis elle a compris que j’étais déterminée. Alors elle m’a soutenue. C’est grâce à elle que j’en suis là aujourd’hui. Quand je suis allée jouer à Toulouse la première fois, je n’avais que douze ans et je vivais dans le Gers à Mirande. J’avais 1h30 de route à faire pour aller à l’entraînement et aux matchs. Ma mère a fait beaucoup de sacrifices pour que je puisse jouer au TFC. Je ne la remercierai jamais assez.
Dans les moments difficiles, elle a toujours été là. Elle est fière de me voir réaliser mes rêves. Ma sœur et le reste de ma famille ont été un réel soutien.
Quels sentiments le fait de jouer dans l’équipe de France procure-t-il ?
L’Équipe de France, c’est une grande fierté dans n’importe quel sport. C’est un honneur de pouvoir représenter son pays. C’est un rêve devenu réalité. Il n’y a pas de sélection plus élevée. Ce sont des moments uniques dont il faut profiter au maximum car le temps passe très vite. C’est le très haut niveau, on joue contre de très belles nations, c’est une expérience exceptionnelle dans chaque catégorie.
Pouvez-vous revenir sur les moments forts de votre carrière ?
Je dirais qu’il y a eu ma première année avec le TFC. Être championnes de France à treize ans, c’était exceptionnel. Nos parents étaient là pour nous soutenir, nous encourager, c’était super. En même temps je remportais mon premier titre individuel. Cela m’a donné envie d’en gagner d’autres.
Ma dernière année a été incroyable, je ne m’attendais pas à marquer autant de buts ! Ni à intégrer le club mythique qu’est le MHSC, le club de « Loulou ».
Ensuite il y a eu mon titre de Championne du monde Universitaire en 2015, où j’ai aussi fini meilleure buteuse de la compétition. C’était une aventure magnifique, le déroulement, l’ambiance… Ce sont des souvenirs qui resteront gravés dans ma mémoire.
Pour finir, j’ai participé à une première compétition avec l’Équipe de France A, qui s’est déroulée en France, à la maison, devant nos familles, nos amis, nos proches et nos supporters. L’atmosphère était incroyable. Cet engouement dans les stades… Ça restera inoubliable !
Vous avez quitté Montpellier pour rejoindre Everton en Angleterre, quel est votre regard sur le football Outre-Manche ?
Depuis mon enfance, je voulais jouer dans ce championnat. Cela a été une très belle opportunité de rejoindre le championnat anglais. C’est une culture différente, une terre de football. Le mode de travail et la vision du jeu sont différents de ceux de la France. L’intensité des entraînements et des matchs n’est pas la même. C’est un jeu beaucoup plus physique et qui aime énormément la vitesse. Je voulais aller dans ce championnat pour progresser davantage et développer d’autres palettes.
Où situeriez-vous le football féminin français par rapport à ses homologues européens ?
Le championnat de France a bien évolué depuis qu’il y a une obligation pour les clubs professionnels d’avoir une équipe féminine. Cependant il y a encore beaucoup de progrès à faire sur les infrastructures, notamment proposer de bons terrains pour le week-end. Il faudrait également réaliser des évolutions sur l’arbitrage. Car quand on regarde dans d’autres championnats, des actions sont aussi mises en place sur la partie médiatique. Et les championnats deviennent professionnels, et je pense que cela sera bénéfique pour l’évolution de notre sport en France.
Alors, comment aider le football féminin à poursuivre son évolution ?
Il faut continuer à parler de notre sport et le développer, lui donner son importance auprès des médias ; il importe que les structures continuent d’évoluer et que le championnat devienne professionnel. Ainsi cela pourra aussi lui donner une autre valeur ; et il convient d’innover, de faire en sorte qu’il y ait plus de supporters dans les stades.
Des joueurs ou des joueuses qui vous inspirent ?
La première joueuse que j’aimais bien c’était Abby Wambach, une joueuse américaine. Chez les garçons, j’admirais Thierry Henry, j’aimais beaucoup Eden Hazard. Et aujourd’hui, Lukaku.
Sportivement, que pouvons-nous vous souhaiter pour les prochaines années ?
Le meilleur pour cette saison, avec une qualification pour la Coupe du monde 2023, jouer la finale de l’Euro 2022 qui se déroulera en Angleterre. Également de pouvoir participer aux JO 2024 ! Et puis une multitude avec mon club, et la sélection pour les années à venir !
Et après le foot ? Que ferez-vous ?
Je ne sais pas encore. Je pense que je travaillerai dans l’événementiel, dans tout ce qui touche le marketing, la communication. J’ai fait mes études dans ce domaine qui qui me plaît. Ensuite je verrai ce que l’avenir me réserve !
Propos recueillis par Marie Gineste /Photos @ Charlène Pelut