11 Mar Veronique Michel, adjointe à la mairie de Lunel
Architecte de profession, Véronique Michel est aussi adjointe à la mairie de Lunel, déléguée à la stratégie urbaine, au climat et à la transition écologique. Elle est en charge du projet d’urbanisme « Lunel ose sa Métamorph’OSE » lancé officiellement en janvier dernier. Rencontre.
Emma : Véronique Michel, merci de vous prêter au jeu de l’interview. Avant toute chose, pouvez-vous nous résumer votre parcours ? Qu’est-ce qui vous a amenée ici ?
Véronique Michel : Beaucoup de choses ! (Rires) J’ai 44 ans, je suis architecte de métier. J’ai travaillé pendant dix ans pour une très grande agence bordelaise essentiellement pour des marchés publics ou de la promotion immobilière, avec des missions de terrain. On a tendance à dire que l’architecture est un milieu masculin, en réalité c’est de moins en moins le cas, et les femmes s’y font une place de plus en plus importante. Et puis j’ai eu, il y a quelques années, l’occasion de venir m’installer ici à Lunel dans la maison familiale, en hyper centre-ville. Je me suis engagée dans le milieu associatif sportif, avec mes deux enfants. J’ai fini par côtoyer la mairie, les élus en place. En 2019, j’ai rejoint l’équipe de Pierre Soujol pour les élections municipales. Et puis nous avons été élus ! Il m’a fait confiance et m’a délégué la charge lourde (rires) de la métamorphose du cœur de ville. Et c’est avec un grand bonheur que je l’ai acceptée.
Vous exercez toujours votre métier…
Oui, en tant que libérale indépendante.
Le 21 janvier dernier, vous accompagniez le maire pour lancer le projet de réhabilitation du cœur de ville, Métamorph’OSE. Quels sont les contours de ce projet ?
Aujourd’hui le cœur de ville de Lunel a subi comme beaucoup de villes de taille moyenne, pas seulement sur le littoral mais partout en France, une paupérisation, une forte déperdition de l’attractivité commerciale et une dégradation du bâti importante. Les centres-villes n’ont pas su muter dans leur temps, les usages ont changé, et pas l’enveloppe. Aujourd’hui le but est d’agir sur tous les leviers possibles en même temps.
C’est un projet d’envergure…
Oui et il est important de le rappeler. Ce sont 53 millions d’euros d’aide. Nous sommes allés chercher dans tous les dispositifs et il y en existe énormément. Nous allons agir sur le volet espace public. Nous avons en cours un marché pour la consultation d’un architecte qui va réaliser un plan guide pour nos espaces publics. Nous avons un volet de reprise de l’habitat qui est lourd avec 38 millions d’euros dédiés à cet axe. Une reprise commerciale également, et puis des projets un peu plus excentrés mais qui viennent en appui du dispositif pour renforcer l’attractivité centrale.
Est-ce le projet phare de ce mandat ?
C’est un très gros projet, en effet. Nous y mettons énormément de moyens. Nous attendons pour bientôt l’arrivée, suite à un recrutement, d’une directrice de renouvellement urbain, qui va nous aider à organiser et gérer tout ce dispositif. L’important, c’est d’assurer la cohérence. Je suis là en tant que gardienne d’une image globale, comme un chef d’orchestre, car il s’agit d’un travail d’équipe et il est important de le rappeler car c’est vraiment transversal. Nous allons toucher à toutes les délégations. Le commerce, la culture, le social, le tourisme etc.
La campagne de communication « Lunel Ose, réouverture des maisons closes » qui vient d’être lancée change des incessants messages autour de la situation sanitaire ! Elle est même assez audacieuse ! Quels retours avez-vous jusqu’ici ?
Nous n’avons eu que des bons retours. Le petit double sens a produit son effet et cela a eu le mérite de braquer un peu les projecteurs sur la ville. C’était aussi une façon d’attirer les gens à nous pour pouvoir livrer le projet, car finalement c’est cela qui est essentiel. C’est un outil très important car le projet va prendre du temps. Il faut que nous puissions communiquer. Et puis nous nous ouvrons sur l’extérieur en allant chercher des investisseurs au-delà de nos limites territoriales. Le but est aussi de faire rayonner la ville dans son territoire à plus large échelle, au-delà du département.
Les actions engagées ne sont pas toutes de même nature. Lunel Ose, c’est aussi une mise en avant de la culture et du patrimoine. Je pense notamment au live du DJ Benji Ben au sommet de l’église.
C’est vraiment un projet global. L’attractivité d’un centre est faite de différentes facettes. La culture est une dynamique importante et vous le notez, cela a marqué les esprits. Nous voulons donner à voir quelque chose de différent mais qui est là, sous vos yeux, au quotidien. Nous renversons l’image globale de notre ville et nous nous en donnons les moyens. La sécurité va faire partie du projet avec la traque aux incivilités ou aux dépôts sauvages d’ordures, par exemple. Nous exigeons le ravalement des façades. À la fois nous avons un volet coercitif mais nous ne laissons pas les habitants face à leurs problèmes. Le but est évidement de les accompagner. Il y a une personne dédiée qui conseille, et puis la ville offre des subventions qui peuvent aller jusqu’à 70 % du montant. Nous allons nous occuper des biens vacants, également. Nous serrons un peu la vis parce qu’il n’y a pas 36 façons de faire évoluer la situation.
Globalement, le projet est-il bien accueilli par les Lunellois ?
Oui. Nous avons un retour fort de la population qui se dit « tiens, il y a peut-être des opportunités pour notre centre-ville ». Je n’ai jamais eu de remarque négative sur ce projet, au contraire je pense que la population l’attendait, c’était le moment. Les commerçants sont contents, ils savent qu’ils vont être impactés. La ville prend un nouveau souffle. Avec notre situation, je ne vois pas comment cela pourrait échouer. Nous sommes à 20 minutes de Montpellier, de Nîmes, à 10 minutes de la mer, on a une sortie d’autoroute, une gare, en 15 minutes à vélo on peut être au milieu des vignes. On a un patrimoine et un environnement fantastiques. Tous les ingrédients sont là !
Propos recueillis par Marie Gineste /Photos @Charlène Pélut