Zita, DJ

À 30 ans, la Montpelliéraine vibre d’une énergie passionnée, d’un amour profond pour l’humain et pour sa ville. Dans un entretien exclusif, elle revient pour Emma sur son parcours de DJ et sur l’année qui vient de s’écouler sur fond de crise sanitaire. Rencontre.

 

EMMA : Bonjour Zita, merci de te prêter au jeu de l’interview pour Emma. Tu te présentes rapidement ?

Zita : Je m’appelle Zita, j’ai 30 ans. Je suis née à Montpellier, j’ai grandi ici et je compte bien y rester ! J’adore ma ville (Rires). Cela fait maintenant 12 ans que je suis DJ.

 

Comment en es-tu venue à faire cela ?

Je ne sais pas, petit à petit je dirais. Mon père était un grand collectionneur de vinyles. Ma mère était Djette et animatrice radio sur Clapas. J’ai très vite bien aimé passer de la musique en soirée. Tu vois la personne pénible qui coupe la musique des autres pour mettre celle qu’elle voulait… c’était moi ! (Rires)

 

Te souviens-tu de tes débuts ?

Comme mon père, je collectionnais les vinyles, les 45 et les 33 tours. Un jour le patron du « Huit », un bar que je fréquentais, m’a proposé de les passer ! J’avais dix-huit ans. Je m’amusais en passant des Rolling Stones à Lio ! Je diffusais du son principalement vintage, c’était ce qui coûtait le moins cher ! Avec le bouche-à-oreille j’ai reçu d’autres propositions. Je me suis mise au numérique. Mes vinyles s’abîmaient et j’avais besoin de disposer d’une sélection un peu plus vaste. J’ai appris le job sur le tas, parce que je n’avais jamais pris de cours de mix ; j’ai d’ailleurs connu quelques ratés, mais c’est comme cela qu’on apprend !

 

Tu collectionnes les vinyles comme ton père. Combien en possèdes-tu ?

Oui il m’a filé le truc ! Et c’est d’ailleurs toujours son truc ! J’en ai environ 1 500.

 

Te souviens-tu du premier disque que tu as acheté ?

Le premier, je crois que c’était un album de Tom Tom Club. Enfin je ne les ai pas achetés, c’est mon père qui me les a offerts. Après je me souviens avoir acheté la B.O. de « Titanic », Nicoletta, et j’adorais aussi Henri Salvador et Boby Lapointe, j’en garde tellement de souvenirs !

 

Comment définirais-tu ton style musical ?

Très éclectique. J’aime autant l’électro que la musique populaire. Je suis ouverte à différents styles musicaux.

 

Quand tu mixes, que ressens-tu ?

Je fonctionne beaucoup au feeling. J’observe les gens en permanence et ce qui se passe devant moi. J’ai les yeux partout et je m’adapte en fonction du style et du moment de la soirée. Même si j’ai une trame, je ne sais jamais trop à l’avance ce que je vais jouer. Voir les gens heureux me procure un pur bonheur. Je me nourris de cela. Mon métier c’est de faire danser les gens, mais s’ils sont contents, qu’ils me remercient, et que je ressens toutes ces émotions, quand je rentre, je dors bien.

 

Au quotidien, qu’écoutes-tu ?

J’adore écouter Juliette Armanet en faisant le ménage, j’adore sa voix. J’aime Supertramp. J’ai connu une période où j’écoutais la B.O. de « La La Land » en continu et je dansais toute seule dans mon salon, en plus j’ai une petite marche pour accéder à ma cour alors je me mettais sur ma marche et je sautais, cela me donnait bien la pêche. J’aime aussi Glenn Miller, les B.O. de films, et j’ai bien apprécié le dernier album de Philippe Katerine, il est complètement fou. Pomme, j’aime bien aussi, j’ai eu une grosse phase Angèle, l’album de Clara Luciani est cool aussi, j’adore également la chanson française, Polnareff, la Soul aussi, c’est très groovy et très funky, mais j’aime bien écouter des musiques positives en ce moment, qui me donnent le sourire.

 

Existe-t-il des morceaux que tu as trop écoutés ?

Ce sont souvent des morceaux que l’on me demande en continu, mais là je t’avoue que je peux remettre n’importe quoi, je serai contente ! (Rires)

 

En tant que femme, on est bien accepté dans le milieu des DJ ?

C’est comme dans tous les secteurs d’activité, cela dépend des personnes que tu as en face de toi. Parfois c’est compliqué, parfois il y a beaucoup de bienveillance, au point même que cela devienne infantilisant. En tout cas, on ne m’a jamais rien dit en face. Moi je me suis lancée là-dedans sans aucun a priori. Dans la vie, je n’attends pas que l’on décide pour moi ce que je peux faire ou non. Je ne me suis jamais imposé de limite, comme je ne me suis jamais dit : « je suis une femme, donc je ne peux pas faire ça ». Il ne faut pas se restreindre. Sur le sujet, j’ai adoré le livre de Gisèle Halimi « Une farouche liberté », je l’ai lu d’une seule traite.

 

Qui sont les femmes qui t’inspirent ?

Peu importe leur milieu, celles qui m’inspirent sont celles qui sont fortes, investies dans leur vie, autant professionnelle que privée ou même associative, et qui se battent pour défendre leurs visions, leurs convictions. J’aimerais être comme cela, me donner le temps et l’énergie, de réaliser toutes ces choses géniales qu’elles font. Pendant la campagne du Maire, j’ai eu l’opportunité de faire des rencontres exceptionnelles et inspirantes. Des mamans, des étudiantes, des médecins, des chercheurs… J’ai rencontré Hind Emad qui a créé la startup Faciligo. Elle a moins de 40 ans, elle a deux enfants et elle a créé une application de dingue !

 

Qu’est-ce qui t’a donné envie de t’investir dans la politique ?

Au départ, mon attachement à Montpellier. Je suis une citoyenne lambda, je m’intéresse à l’actualité mais je ne m’étais jamais réellement investie. Quand Michaël Delafosse m’a proposé de rejoindre sa liste, j’ai adhéré à toutes ses idées. Nous partageons le même amour pour notre ville. Je le connaissais un peu, je savais qu’il voulait vraiment faire bouger les choses. Et nous nous rejoignons sur de nombreux points. Par rapport à la jeunesse, l’événementiel, l’artistique, il a une foule d’idées et de projets que je soutiens.

 

Tu fais aussi partie du collectif « le mix solidaire », veux-tu nous en parler ?

C’est une association, un collectif de 18 Djettes qui sont principalement de la région. Nous organisons des soirées pour récolter des fonds et les verser à des associations que nous choisissons, et qui sont vraiment tournées vers l’humain.

 

Comment as-tu vécu cette année, et comment envisages-tu les mois à venir ?

Mieux que d’autres, c’est évident. Déjà financièrement, j’ai la chance d’avoir un mi-temps à côté dans la vente, mon activité de DJ m’apporte un petit confort supplémentaire. J’aime le contact avec les gens et je vends un produit qui donne le sourire. Mais je pense que c’est très dur pour les acteurs du monde artistique, qu’il s’agisse des comédiens, des musiciens, de toutes les personnes qui nous font travailler : les bars, les restaurants, les boîtes de nuit, je ne sais pas où nous allons. J’espère que cela va se décanter assez rapidement.

 

Pour finir, que rêverais-tu de faire, là, aujourd’hui ?

De travailler toujours avec les gens pour faire avancer les choses, mais la musique aura toujours une part importante dans ma vie.